Premiers résultats des carrés échantillons pour l'Atlas Européen

Le projet d'échantillonnage des carrés d'un km² en Wallonie court depuis 2015 dans le cadre du projet d'Atlas des Oiseaux nicheurs Européens (EBBA2). Il consiste à reprendre la grille de carrés d'un kilomètre de côté parcourus durant l'Atlas des Oiseaux Nicheurs de Wallonie entre 2001 et 2007. Le but de cet échantillonnage est multiple : fournir des listes d'espèces "chronométrées" dans le cadre de l'EBBA2 pour des modélisations de répartition des espèces, comparer l'évolution des populations en Wallonie depuis la période de l'Atlas et surtout faire (re)découvrir aux ornithologues les oiseaux près de chez eux. La méthode est simple : l'observateur passe deux fois une heure dans le carré et note tous les oiseaux contactés dans le carré. Il encode ensuite ses données via observations.be sous forme de liste. Toutes les informations sur le projet et les carrés libres se trouvent sur notre site web.

Plus de 900 carrés sont déjà pris en charge par 130 observateurs. Il reste encore des carrés disponibles pour arriver à 1.600 carrés, notre objectif.

Plus de 900 carrés sont déjà pris en charge par 130 observateurs. Il reste encore des carrés disponibles pour arriver à 1.600 carrés, notre objectif.

Les premiers résultats après les passages de 2015 et les premiers passages de 2016 sont présentés succinctement ci-dessous. Ce sont évidemment des résultats partiels et les premières comparaisons ne sont pas encore très significatives. 

A la mi-mai, 377 carrés avaient au moins une liste d'espèces encodée, 136 espèce ont été notées. Si on compare les 333 carrés communs aux deux recensements, le nombre moyen d'espèces par carré est de 25 (max 44) contre 33,3 (max 58) pour le précédent atlas. 

Nombre de carrés occupés en 2015-2016 par rapport à 2001-2007 pour les 333 carrés échantillonnés les deux fois. Liste des 15 espèces les plus répandues et des meilleures progressions.

Nombre de carrés occupés en 2015-2016 par rapport à 2001-2007 pour les 333 carrés échantillonnés les deux fois. Liste des 15 espèces les plus répandues et des meilleures progressions.

Liste des 14 espèces les plus nombreuses lors des échantillonnages sur les 333 carrés recensés en 2015-2016 et 2001-2007 et les meilleures progressions. Le nombre d'individus correspond à la somme des maxima d'individus par carré.

Liste des 14 espèces les plus nombreuses lors des échantillonnages sur les 333 carrés recensés en 2015-2016 et 2001-2007 et les meilleures progressions. Le nombre d'individus correspond à la somme des maxima d'individus par carré.

A première vue, les différences sont assez importantes entre 2001-2007 et 2015-2016. Cependant, la plupart des carrés n'ont encore été visités qu'une seule fois cette période. Il y a donc certaines espèces qui ne sont pas encore détectées et les jeunes n'étaient pas encore sortis des nids. La suite nous permettra d'affiner ces chiffres dès que les encodages seront terminés.

Les bonnes nouvelles semblent venir du Rougequeue à front blanc qui, même s'il est présent sur relativement peu de carrés, est déjà deux fois plus nombreux et plus répandu qu'il y a dix ans. La progression du Choucas et des espèces exotiques est aussi à épingler et à suivre.

Photos : Magalie Thomas-Millan, René Dumoulin, Robert Hendrick, Antoine Derouaux.

Nous remercions les 130 participants à ce projet qui ont pris en charge 1 à 82 carrés. Si vous désirez participer aussi, n'hésitez pas à nous contacter.

Collaboration en Hainaut Occidental pour relancer une colonie d'Hirondelle de fenêtre

En juillet 2015, alors que je recensais, sur une façade de la Malterie du Château de Beloeil, dans le cadre du suivi des hirondelles organisé par le Parc Naturel des Plaines de l’Escaut (PNPE),  la deuxième colonie la plus importante d’Hirondelles de fenêtre du Hainaut occidental, j’étais bien loin de me douter que cette colonie forte de 65 nids était menacée ! En effet, des travaux de rénovation sur les châssis ont été réalisés au cours de l’hiver passé et ont menacé la réinstallation de cette importante colonie. Sensible à la protection des hirondelles, M. Dourcy, le propriétaire de la malterie, a pris contact avec Karel Vandemeulebroecke, bagueur habitant à Beloeil, afin de voir quelles mesures de préservation pouvaient être mises en place. Karel a alors contacté le PNPE pour un placement de nids artificiels devant permettre, espérons-le, la réinstallation de la colonie. 

Rapidement, le PNPE s’est mobilisé et dès la mi-avril, 24 nids en béton de bois été installés sur la façade de la malterie. Alors que des hirondelles étaient aux nids après la pose des nichoirs, le froid de la fin avril semble avoir freiné les ardeurs de reproduction des hirondelles, plus occupées à trouver de la nourriture pour leur survie qu’à se reproduire. La météo favorable de ce début de mai devrait permettre le redémarrage de l’installation. Encore merci aux trois intervenants pour leur investissement; Karel, Mr Dourcy et le PNPE ! 

La pose de nichoir ne remplace pas les nids construits par les oiseaux eux-mêmes mais servent de stimulant pour une recolonisation plus rapide d’un endroit connu et favorable à leur installation. L’Hirondelle de fenêtre est en déclin dans nos régions; la destruction de nid pour des raisons esthétiques (fientes sur les façades) est un facteur aggravant. Alors que dans le sud de l’Europe, les nids sont généralement acceptés sur les façades et y forment très souvent des grappes composées de plusieurs nids, il en va tout autrement dans d’autres régions comme la nôtre où les fientes et autres salissures engendrées par la nidification sont de moins en moins tolérées. Des solutions existent pour réduire les nuisances, comme la pose d’une planchette sous le nid (lisez à ce sujet les pages du GT Hirondelles d'Aves).

Bon à savoir également, le PNPE organise un suivi des hirondelles sur le périmètre du Parc Naturel des Plaines de l’Escaut (avec une page projet sur le site Observations.be), le recensement permet de suivre l’état des populations mais aussi, comme pour le cas de la Malterie de Beloeil, à réaménager ou à sauvegarder lorsque les conditions techniques sont réunies. Chaque nid compte ! Si vous désirez recenser les hirondelles, avoir des renseignements ou signaler une modification de l’environnement de nidification des hirondelles, contactez le PNPE (Contact - Parc naturel des Plaines de l’Escaut) ou le GT Hirondelles d'Aves-Natagora.

La Bergeronnette nordique, un bijou du mois de mai

Bergeronnette nordique, mâle - Nassogne 16/05/2015 photo: D. Vieuxtemps. Cet individu présente des marques sombres sur la poitrine, caractère variable chez cette sous-espèce.

Bergeronnette nordique, mâle - Nassogne 16/05/2015 photo: D. Vieuxtemps. Cet individu présente des marques sombres sur la poitrine, caractère variable chez cette sous-espèce.

Pour qui cherche dans les pattes des vaches, près des zones humides ou dans les terres de cultures, il est possible d'observer ce mois-ci une jolie variante de notre Bergeronnette printanière, la Bergeronnette nordique ou, selon son nom scientifique, la "thunbergi". Elle se reconnait, du moins chez le mâle, à sa calotte d'un gris-bleu très foncé, à ses lores sombres et au sourcil presque toujours absent. Cette sous-espèce se reproduit en Scandinavie et en Sibérie.

Il n'y a en fait pas beaucoup d'exemples où plusieurs sous-espèces d'une même espèce sont identifiables et facilement observables sur le terrain dans notre pays. Si on examine les données parvenues à la Centrale Ornithologique Aves, on s'aperçoit qu'il y a une forte différence de phénologie entre M. f. thunbergi et la sous-espèce nominale. Le graphe ci-dessous, tiré de l'analyse de plus de 17.000 données de Bergeronnette printanière en Wallonie, permet de visualiser ces différences.

Proportion journalière des observations printanières de Bergeronnettes printanières en Wallonie (période 1990-2015). Sources: Banque Ornithologique Aves _ Observations.be - OFFH 

Proportion journalière des observations printanières de Bergeronnettes printanières en Wallonie (période 1990-2015). Sources: Banque Ornithologique Aves _ Observations.be - OFFH 

Alors que la Bergeronnette printanière "flava" (celle qui niche notamment en Belgique) nous revient dès le début avril, la Bergeronnette nordique ne commence généralement à être observée en Wallonie qu'après le 20 avril. Sa fréquence d'observation culmine autour de la mi-mai pour s'achever brusquement dès la fin du mois. Elle est très rare en juin. Sa période de présence est donc beaucoup plus étroite que pour la flava; ne vous laissez donc pas induire en erreur par le type de graphe choisi ici (qui montre, pour une date donnée, la proportion de données sur l'ensemble des observations printanières collectées pour le taxon considéré depuis 1990). En réalité, même au moment de son pic du passage à la mi-mai, la thunbergi ne représente que 20 % des observations de Bergeronnettes printanières en Wallonie.

En fait, la Bergeronnette printanière nordique passe bien après la sous-espèce plus méridionale, puisque son habitat plus nordique n'est "disponible" que plus tard en saison.

Autre particularité, dans notre pays, cette sous-espèce est beaucoup moins fréquente au automne qu'au printemps: même lors de son pic de présence post-nuptial, à la fin août, la sous-espèce nordique ne représente que moins de 10% des données de Bergeronnettes printanières. Si vous avez une hypothèse d'explication pour ce phénomène, n'hésitez pas à poster un commentaire!

Bonnes recherches de thunbergi sur le terrain !