Big Day 2021 : les résultats

Un Big Day en ornithologie consiste à observer le plus grand nombre d’espèces d’oiseaux différentes en un temps donné dans une zone délimitée. Ce genre de compétition, souvent juste pour l’honneur, est assez populaire auprès des ornithologues dans de nombreux pays. C’est l’occasion de (re)découvrir les richesses près de chez soi, souvent en compagnie d’autres amis ornithologues. Certains ce lancent même dans des compétitions plus longue comme le Big Year

Bondrée apivore et Faucon hobereau font partie des espèces à chercher lors d’un Big Day. Photo : Olivier Colinet

Bondrée apivore et Faucon hobereau font partie des espèces à chercher lors d’un Big Day. Photo : Olivier Colinet

Ce 16 mai, 13 équipes ont pris part au Big Day organisé en Wallonie et à Bruxelles par Aves. Pour ce Big Day, les observations devaient être réalisées entre 5 h 30 et 21 h 30 (entre le lever et le coucher du soleil) dans un rayon de 20 km autour du point de départ choisi par les participant(e)s. Différentes catégories ont été définies , selon les moyens de transport utilisés : vélo, marche à pied, transports en commun, voiture et il était possible aussi d’observer depuis un point fixe (Big Sit).

Zones parcourues par les 13 équipes lors du Big Day le 16 mai 2021

Zones parcourues par les 13 équipes lors du Big Day le 16 mai 2021

Des températures trop fraîches pour la saison et de fréquentes averses ont rendu les prospections compliquées. Certaines équipes ayant même dû abréger leurs recherches.

Durant cette journée, 145 espèces et un hybride ont été contactés par les 21 participants et participantes. Bien que la météo maussade ne semblait pas favorable à la détection de migrateurs actifs, une Sterne capsienne a été observée par 2 équipes à Virelles. Cet oiseau a probablement été obligé de descendre suites à une averse digne d'une mousson indienne. L’autre rareté découverte à cette occasion, un Garrot d’Islande (probablement échappé de captivé), a été observé au Grand large de Péronnes. Le Pouillot ibérique précédemment découvert était encore présent ainsi que l’hybride de Pouillot véloce-fitis à Familleureux.

Plusieurs migrateurs, principalement des limicoles, ont été observés en halte (Huîtrier pie, Chevalier aboyeur, Bécasseaux maubèche, sanderling et variable,…). A noter l’absence du Tarier des prés. Plus inquiétant, la rareté confirmée du Moineau friquet, de la Mésange boréale et du Bruant proyer qui n’ont été contactés que par une seule équipe.

Le « Big Day » en quelques chiffres

  • 139 : le nombre d’espèces contactées

  • 109 : le nombre maximum d’espèces contactées par une équipe (zone des marais d’Harchies)

  • 57 : le nombre d’espèces observées en Région Bruxelles-Capitale

  • 18 : le nombre d’espèces observées ou entendues par une seule équipe, soit 12 % du total. Ce sont surtout des espèces localisées et/ou rare comme le Pouillot ibérique, le Garrot d’Islande, le Bihoreau gris et la Rousserolle turdoïde mais également le Moineau friquet et le Bruant proyer.

  • 6 : le nombre d’espèces introduites et/ou échappées observées, soit la Bernache du Canada, L’Ouette d’Egypte, le Faisan de colchide, le Pigeon biset domestique, la Perruche à collier et la Conure veuve. En attendant le statut du Garrot d’Islande.

  • 6 : le nombre d’équipes à pieds ou à vélo

Les résultats globaux par équipe sont disponible sur ce lien.

L’équipe 2, heureuse d’avoir trouvé une Sterne caspienne à Virelles (photo Alain Paquet)

L’équipe 2, heureuse d’avoir trouvé une Sterne caspienne à Virelles (photo Alain Paquet)

Cette activité aura encore lieu dans les prochaines années, vous pouvez déjà préparer votre parcours pour 2022 !



Le suivi des oiseaux communs en Wallonie (SOCWAL) de 1990 à 2020

L’un des principaux projets d’Aves, pôle ornithologique de Natagora, est le suivi de oiseaux communs. Depuis 1990 en Wallonie et depuis 1992 à Bruxelles, des dizaines d’ornithologues participent aux “points d’écoute”. Ces programmes de suivi sont financés par les pouvoirs publics régionaux en charge de la conservation de la nature. Les données sont utilisées pour de nombreuses études régionales et internationales (après intégration dans le système européen PECBMS) qui aboutissent régulièrement à des actions de conservation d’une espèce (État de l’Environnement Wallon, Plan d’Action pour la Tourterelle des bois en Europe, Liste Rouge des espèces en Wallonie, Rapport Planète Vivante du WWF…).

Ces observations sont ensuite compilées dans notre banque de données ornithologiques puis analysées grâce à différents programmes statistiques qui permettent de connaître l’évolution des populations de chaque espèce sous forme d’indices annuels. La méthodologie peut être consultée dans l’article publié dans la Revue Aves en 2018.

Nous vous présentons ici quelques résultats pour la Wallonie, issus du rapport annuel qui fait la synthèse des observations de 1990 à 2020. Vous pouvez télécharger ce rapport (format PDF, 39Mo) via ce lien ou en cliquant sur l’image ci-dessus.

Globalement, les populations de 90 espèces d’oiseaux nicheurs répandus déclinent en Wallonie. Depuis 1990, l’indice global moyen a diminué de 0,9%, cela semble s’accélérer ces 10 dernières années (-1,4%).

Toutes les espèces en Wallonie_GRAPH.jpg

Cette tendance globale est une moyenne des tendances spécifiques. Il y a évidemment des espèces dont les populations diminuent, d’autres sont stables et certaines espèces voient leurs effectifs augmenter depuis 1990. Le tableau ci-dessous montre le nombre d’espèces selon leur tendance en fonction des habitats préférentiels.

tableau_espèces_socwal_1990-2020.jpg

Les indices spécifiques sont à voir dans le rapport.

La force de ce projet est de récolter annuellement les observations de manière standardisée depuis 1990. Le suivi sur le long terme est donc important. Si vous avez participé au projet, même il y a dix ans ou plus, vous pouvez toujours “reprendre” votre parcours. Cela permettra d’affiner les modèles statistiques utilisés pour générer les indices. Mais cela vous permettra surtout de sortir sur le terrain et de comparer l’avifaune passée à celle d’aujourd’hui !

Nous cherchons aussi de nouveaux observateurs, surtout en Ardenne, mais aussi partout en Wallonie.

Contactez-nous pour toute proposition de participation.

Merci à tous les observateurs de ce projet.



Dix radars météorologiques détectent la migration des oiseaux dans tout le Benelux, et vous pouvez regarder en temps réel !

Pluviers dorés à l’aube © Olivier Colinet

Pluviers dorés à l’aube © Olivier Colinet

La Force Aérienne Belge utilise, depuis de nombreuses années les données fournies par des radars équipés de programmes spécifiques destinés à détecter les oiseaux.  Ceci dans un but de sécurité aérienne afin d’éviter au maximum les collisions entre les oiseaux et les avions qui peuvent parfois être désastreuses.

Dès 2004, le radar militaire de Glons (surveillance de l’espace aérien) fut équipé du système ROBIN (Radar Observation Bird Intensity). 

À partir de 2006, l’ESA (European Space Agency) s’intéressant à cette technique fédéra divers intervenants et créa le FlySafe Project en collaboration avec les Forces aériennes belges, néerlandaises et allemandes, l’Université d’Amsterdam, la station ornithologique suisse de Sempach et divers instituts météorologiques.

Radar météorologique de Wideumont (IRM)

Radar météorologique de Wideumont (IRM)

Durant l’automne 2007 et le printemps 2008, des campagnes de comparaison et de calibration ont eu lieu aux Pays-Bas, en Belgique et en France afin de comparer les données récoltées par les radars de surveillance militaires, le radar mobile de la station de Sempach et les radars météos.  En Belgique, le bureau « Wildlife Hazard Management » de la Force Aérienne a ainsi organisé en septembre-octobre 2007, le déploiement du radar de Sempach sur l’aérodrome militaire de St Hubert pour comparer ses données et celles du radar militaire de Glons avec les détections réalisées par le radar météo de l’Institut Royal Météorologique (IRM) situé à Wideumont.  Les résultats de ces campagnes, passés par la moulinette des algorithmes, ont montré que les radars météo étaient à même de produire des détections plus précises des migrations que les outils précédents.

Depuis, le réseau de détection des oiseaux par les radars météos se développent en Europe et sert à présent de source principale à la Force Aérienne Belge dans le cadre de la réduction des collisions avec les avions durant leurs missions.

Une application web vient d’être mise en ligne par l’IRM et l’Institut de Recherche sur la Nature et les Forêts (INBO) du gouvernement flamand. Elle permet à chacun de visualiser la migration en temps réel dans tout le Bénélux.

Cet outil permet de visualiser l’importance de la migration de jour comme de nuit et à des altitudes assez élevées. Il ne permet pas d’identifier les espèces. C’est donc un bon complément aux observations de terrain depuis les postes fixes et aux enregistrements nocturnes.

Basé sur la détection de 10 radars dans le Bénélux, ce site web affiche deux graphes temporels montrant l’évolution du nombre d’oiseaux en passage. Le premier graphe montre soit le nombre d’oiseaux par km² soit le taux de migration (nombre d’oiseaux par heure survolant un transect de 1 km). Le deuxième graphe montre le nombre d’oiseaux par km³ étalé dans le temps et selon l’altitude.

radars_meteo.jpg

Il est en outre possible de choisir la date ou les trois jours que l’on veut afin de comparer les passages au cours d’une saison ou d’année en année.

On remarquera en analysant les graphes que le passage postnuptial de cette fin d’hiver a été particulièrement précoce et intense suite aux quelques journées chaudes et ensoleillées. Les grues cendrées passées en nombre chez nous n’étaient que la face visible de cette migration…

Vous trouverez plus d’informations à propos de ce projet dans le communiqué de presse de l’IRM.