Observations de saison

Intimité chez les Bouvreuils

Vous trouverez ci-dessous le suivi d’une nidification d’un couple de Bouvreuils pivoines. Jules Fouarge a passé de nombreuses heures à observer et photographier les bouvreuils dans son jardin. Il nous décrit ici ses observations réalisées tout au long de la période de reproduction.

Texte et photos de Jules Fouarge.


En 2015 nous avons eu l’opportunité de suivre la nidification d’une famille de BOUVREUILS (Pyrrhula pyrrhula) dans notre jardin. Certains que le nid était proche et soucieux de ne pas mettre en péril son évolution, nous n’avons pas cherché son emplacement.

Présent au jardin dès l’hiver précédent ce couple a commencé des parades dès mars et surtout en avril.

Début mai, plus de parades mais visites désormais quotidiennes et davantage au distributeur de grains de tournesol. Notons aussi que la femelle vient moins souvent sans doute occupée par la couvaison et les éclosions. Toutefois dès le 26 mai le retour en duo est à nouveau quotidien ; les jeunes doivent être grands et qui sait déjà volant ? A mi-mai les chicorées mâturent leurs graines et les Bouvreuils se goinfrent sans retenue.

Fin mai et début juin les récoltes continuent à aller bon train mais toujours pas de jeunes en vue et cela va durer jusqu’à mi-juin quand nous verrons enfin un jeune nourri dans un grand buisson.

A présent les jeunes accompagnent les adultes sans retenue ; il semble qu’ils sont au moins trois (nous n’en verrons jamais davantage), curieusement nous les verrons le plus souvent sous la conduite du mâle ; la femelle pouvait éventuellement s’occuper d’autres jeunes ? Nous ne le saurons pas.

Les photos suivantes montrent ce que les jeunes sont devenus, ou auraient pu devenir ; nous ne verrons ce stade qu’en 2017 avec d’autres jeunes nés eux aussi non loin du jardin ; ils seront présents tout l’hiver.

Et enfin revoici l’hiver, avec parfois la neige et la recherche de graines plus ardue…

Dix radars météorologiques détectent la migration des oiseaux dans tout le Benelux, et vous pouvez regarder en temps réel !

Pluviers dorés à l’aube © Olivier Colinet

Pluviers dorés à l’aube © Olivier Colinet

La Force Aérienne Belge utilise, depuis de nombreuses années les données fournies par des radars équipés de programmes spécifiques destinés à détecter les oiseaux.  Ceci dans un but de sécurité aérienne afin d’éviter au maximum les collisions entre les oiseaux et les avions qui peuvent parfois être désastreuses.

Dès 2004, le radar militaire de Glons (surveillance de l’espace aérien) fut équipé du système ROBIN (Radar Observation Bird Intensity). 

À partir de 2006, l’ESA (European Space Agency) s’intéressant à cette technique fédéra divers intervenants et créa le FlySafe Project en collaboration avec les Forces aériennes belges, néerlandaises et allemandes, l’Université d’Amsterdam, la station ornithologique suisse de Sempach et divers instituts météorologiques.

Radar météorologique de Wideumont (IRM)

Radar météorologique de Wideumont (IRM)

Durant l’automne 2007 et le printemps 2008, des campagnes de comparaison et de calibration ont eu lieu aux Pays-Bas, en Belgique et en France afin de comparer les données récoltées par les radars de surveillance militaires, le radar mobile de la station de Sempach et les radars météos.  En Belgique, le bureau « Wildlife Hazard Management » de la Force Aérienne a ainsi organisé en septembre-octobre 2007, le déploiement du radar de Sempach sur l’aérodrome militaire de St Hubert pour comparer ses données et celles du radar militaire de Glons avec les détections réalisées par le radar météo de l’Institut Royal Météorologique (IRM) situé à Wideumont.  Les résultats de ces campagnes, passés par la moulinette des algorithmes, ont montré que les radars météo étaient à même de produire des détections plus précises des migrations que les outils précédents.

Depuis, le réseau de détection des oiseaux par les radars météos se développent en Europe et sert à présent de source principale à la Force Aérienne Belge dans le cadre de la réduction des collisions avec les avions durant leurs missions.

Une application web vient d’être mise en ligne par l’IRM et l’Institut de Recherche sur la Nature et les Forêts (INBO) du gouvernement flamand. Elle permet à chacun de visualiser la migration en temps réel dans tout le Bénélux.

Cet outil permet de visualiser l’importance de la migration de jour comme de nuit et à des altitudes assez élevées. Il ne permet pas d’identifier les espèces. C’est donc un bon complément aux observations de terrain depuis les postes fixes et aux enregistrements nocturnes.

Basé sur la détection de 10 radars dans le Bénélux, ce site web affiche deux graphes temporels montrant l’évolution du nombre d’oiseaux en passage. Le premier graphe montre soit le nombre d’oiseaux par km² soit le taux de migration (nombre d’oiseaux par heure survolant un transect de 1 km). Le deuxième graphe montre le nombre d’oiseaux par km³ étalé dans le temps et selon l’altitude.

radars_meteo.jpg

Il est en outre possible de choisir la date ou les trois jours que l’on veut afin de comparer les passages au cours d’une saison ou d’année en année.

On remarquera en analysant les graphes que le passage postnuptial de cette fin d’hiver a été particulièrement précoce et intense suite aux quelques journées chaudes et ensoleillées. Les grues cendrées passées en nombre chez nous n’étaient que la face visible de cette migration…

Vous trouverez plus d’informations à propos de ce projet dans le communiqué de presse de l’IRM.

Bilan de la migration 2020 : zoom sur le Pinson !

Photo : Jean-Marie Winants

Photo : Jean-Marie Winants

En octobre dernier, je vous parlais de la migration qui semblait très importante cette année en Wallonie. Le phénomène avait été particulièrement remarqué chez le Pinson des arbres, dont des flux impressionnants avaient été observés sur la frange ouest de l’Ardenne. La migration n’était alors pas terminée, il était donc trop tôt pour conclure quant au caractère éventuellement exceptionnel du cru 2020.

Il est maintenant l’heure de faire le bilan ! Les courageux « compteurs » du site de Xhoris, présents tous les jours ou presque sur leur poste de suivi, ont dénombré 203 229 pinsons des arbres cette année, leur record ! J’ai utilisé les fonctions d’analyse du site trektellen.nl pour voir si de tels chiffres sont courants dans notre pays, en regardant 10 ans en arrière.

En Belgique, depuis 10 ans, entre 103 et 148 sites de suivi migratoires sont actifs chaque année durant l’automne. Ces sites sont suivis avec une fréquence variable, certains totalisant plus de 250 heures de présence sur l’automne, tandis que d’autre ne cumulant que quelques heures. Sur ces sites, un total de plus de 200 000 pinsons n’a été dépassé qu’à 4 reprises :

  • En 2012 sur le site de Kristallijn Maatheide, en Campine (211 000 individus)

  • En 2014 sur les sites de Kristallijn Maatheide de nouveau et Opstalvallei, dans le port d’Anvers (209 000 et 247 000 individus, respectivement)

  • En 2020 à Xhoris, avec 203 000 individus.

C’était donc la première fois en Wallonie, depuis au moins 10 ans, qu’un tel flux de pinsons a pu être comptabilisé.

Bien-sur il faut garder en tête que la pression d’observation de la migration des oiseaux, en tout cas pour les observations encodées sur la plateforme www.trektellen.nl, a tendance à augmenter année après année, comme le montre le graphique suivant pour trois sites bien suivis ces dernières années.

Pression d’observation sur deux sites de suivi migratoires wallons (Xhoris, Honnay) et un site flamand proche de la Wallonie (Tienen). Source des données : http://www.trektellen.nl .

Ces sites ont attirés mon attention pour le caractère régulier des observations qui y sont menées (surtout Xhoris et Tienen) et pour les observations remarquables qui y sont souvent réalisées (Honnay). Tienen n’est pas situé en Wallonie, mais il n’en est pas bien éloigné, et permet d’avoir une idée des flux survolant la partie centrale de la Wallonie, où peu de données standardisées sur la migration active sont disponibles.

Si l’on normalise les observations du Pinson des arbres réalisées sur ces 3 sites depuis 10 ans par la pression d’observation, on obtient des flux moyens illustrés au graphique suivant.

Nombre d'individus de Pinsons des arbres en passage par heure

Flux du Pinson des arbres durant la migration postnuptiale notés sur les sites de Xhoris, Honnay et Tienen (du 15/09 au 15/11). Source des données : http://www.trektellen.nl .

Les données des premières années semblent assez peu cohérentes entre les 3 sites, ce qui est probablement lié aux fortes différences de pression d’observation entre les sites (les sites moins suivis ne capturent pas complètement le phénomène). A partir de 2015, les trois courbes se rapprochent. Elles indiquent alors vraisemblablement des variations interannuelles du flux à l’échelle de la région entière, voir même du nord de l’Europe. La saison 2019 semble déjà avoir été très bonne selon ces courbes, en particulier pour Xhoris avec un flux moyen de près de 700 individus par heure. Enfin, 2020 se démarque encore plus à Xhoris: le flux mesuré sur ce site (822 individus par heure) est le double des flux mesurés à Honnay et Tienen.

Pour terminer cette analyse de la migration des pinsons, jetons un œil à la longue série temporelle disponible pour le site de Falsterbo, goulot d’étranglement des oiseaux migrateurs situé au sud de la Scandinavie (figure suivante).

Flux du Pinson des arbres et Pinsons du Nord durant la migration postnuptiale notés à Falsterbro (sud de la Suède) de 1976 à 2020. Source : https://www.falsterbofagelstation.se/arkiv/strack/migr_frame.htm

Flux du Pinson des arbres et Pinsons du Nord durant la migration postnuptiale notés à Falsterbro (sud de la Suède) de 1976 à 2020. Source : https://www.falsterbofagelstation.se/arkiv/strack/migr_frame.htm

Les Pinsons des arbres ne sont pas différenciés de ceux du Nord sur ce site. On peut les comprendre vu la quantité d’oiseaux à compter ! On y voit d’abord que les effectifs varient très fort d’une année à l’autre. Ensuite, la fin de la courbe correspond remarquablement bien avec les fluctiations notées en Wallonie à la figure précédente. On y voit très bien le pic de 2017, celui de 2019, puis la valeur élevée en 2020, néanmoins inférieure à 2019.

Qu’en conclure ? Le passage du Pinson des arbres à l’échelle de la Wallonie semble avoir été important cet automne, mais pas particulièrement exceptionnel. Par contre, le flux qui a survolé la bordure ouest de l’Ardenne, notamment le site de Xhoris, fut tout-à-fait exceptionnel pour la Wallonie.

A qu’en est-il des autres espèces ? Sans refaire une analyse détaillée, je vous propose le commentaire de Michaël Vandeput, l’ornithologue qui suit a migration sur le site de Tienen, où la pression d’observation est élevée et assez régulière depuis 10 ans :

« […] les totaux de cette année sont parmi les plus élevés enregistrés sur ce site, grâce à un bon passage des ramiers (266 070 individus), des pinsons des arbres (59 638 individus) et des étourneaux (21 670 individus). »

Il note aussi que 2020 fut la meilleures année depuis 17 ans pour les espèces suivantes : Grive mauvis (18 165 individus, passage qualifié d’exceptionnel), Alouette lulu (940 individus), Serin cini (11 individus), Chardonneret (564 individus), Sizerin cabaret (104 individus) et Bruant des roseaux (8 023 individus). Il note enfin que la météo a certainement joué un rôle aussi : cet automne a été marqué par un nombre élevé de jours de vent « contraire » pour les oiseaux (vent de sud-ouest), qui les oblige à voler bas et facilite ainsi leur détection pour les observateurs au sol.

Il est aussi possible de visualiser la migration du Pinson des arbres en Europe grâce à EuroBirdPortal.

Avant le retour des migrateurs en février (on y sera vite !), bon hiver à tous !