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Le Tarier des prés à la loupe

Dans le cadre de sa série AgriNature, le SPW Agriculture, Ressources naturelles et Environnement vient de publier un numéro consacré au Tarier des prés. Les auteurs de cette monographie sont Gerhard Ruter (Aves-OstKantone), Jean-Paul Jacob (Aves, pôle ornithologique de Natagora) et Sébastien Demeter (UCLouvain).

Tarier des prés mâle. Photo : René Dumoulin

Jadis commun en Wallonie, le Tarier des prés est maintenant l’un des passereaux nicheurs les plus rares de la Région. L’intensification de l’agriculture (fauches multiples et hâtives, conversion des prairies permanentes en cultures) et l’extension de l’urbanisme ont entraîné une rapide diminution des effectifs et une forte contraction de l’aire de répartition.

Actuellement concentrées au camp militaire d’Elsenborn et à quelques réserves naturelles des cantons de l’est, les 170 à 220 derniers couples sont particulièrement bien suivis et font l’objet de mesures de protection. Cela demande une collaboration entre les naturalistes, le DNF, l’armée belge et les agriculteurs.

De ces expériences est paru le dixième numéro de la collection “Agrinature”, entièrement consacré à cette espèce. À la fois descriptif et technique, ce volume présente aux agriculteurs et au public les résultats des expériences de gestion favorables à l’espèce.

Il est possible de commander la brochure au SPW via ce lien. Elle est également disponible, gratuitement au format PDF , comme tous les autres volumes d’AgriNature.

La publication est également disponible en allemand : Das Braunkelchen (Saxicola rubetra) zwischen Natur und Landwirtschaft (Reihe Agrinature n°10), Offenlicher Dienst der Wallonie Landwirtschaft, Naturschätze und Umwelt.

Suivi du succès reproducteur du Bruant proyer

A l'occasion d'un symposium consacré aux oiseaux des champs organisé par natuurpunt qui s'est tenu le 21 octobre 2017 à Leuven, l'équipe du département études a présenté un poster avec les premiers résultats d'un suivi du succès reproducteur du Bruant proyer dans la Plaine de Perwez.

Le poster (en anglais) est présenté ci-dessous, et si vous voulez accéder au compte-rendu de la journée (en néerlandais), il est disponible ici :

https://www.natuurpunt.be/pagina/verslag-vlaams-nederlands-akkervogelsymposium-21-oktober-2017

Ce suivi sera poursuivi en 2018 et nous ne manquerons pas de développer nos prochaines découvertes dans un article pour le Bulletin Aves, en français cette fois !

 

Les oiseaux communs en Wallonie, un déclin inquiétant

Pinson des arbres © Frédéric Demeuse

Pinson des arbres © Frédéric Demeuse

Le rapport 1990-2017 sur le suivi des oiseaux communs en Wallonie (SOCWAL) est paru dans le dernier numéro du Bulletin Aves. Cette étude fait la synthèse de 28 années de monitoring des oiseaux nicheurs les plus répandus par la méthode des points d'écoute, grâce à la collaboration de dizaines d'observateurs volontaires et professionnels.

Le suivi consiste à passer chaque année au printemps dans des conditions similaires (date, heure, météo) sur une série de 15 points précis et à y compter tous les oiseaux que l'on contacte pendant 5 minutes. À partir de ces données de terrain, des indices annuels d'abondance et les tendances des populations de 81 espèces sont calculés, via un programme d'analyse spécialisé (rtrim). 

© Louis Bronne

© Louis Bronne

Les données sont également envoyées à la coordination européenne (EBCC) pour être intégrées au programme de suivi des oiseaux communs en Europe (PECBMS) qui réunit 28 pays du continent.

Taux de croissance annuel moyen (en %) pour chaque espèce. La barre d'erreur montre l'intervalle de confiance autour de la tendance (à 95%). Vert = augmentation, bleu = stable et rouge = déclin.

Les résultats ne sont guère brillants. Les effectifs de la moitié des espèces diminuent, un quart augmente et un quart est stable. Globalement, les oiseaux communs perdent en moyenne 1% de leurs effectifs par an depuis 1990. La tendance semble s’accélérer depuis 2008. Le bilan est encore plus alarmant si on ne reprend que les espèces des milieux agricoles (15 espèces) qui perdent en moyenne 3% de leurs effectifs par an depuis 28 ans. Ceux qui nichent au sol sont les plus vulnérables (Bruant proyer, Vanneau huppé, Perdrix grise, Alouette des champs...). Ce déclin est aussi noté en Europe, mais il est particulièrement rapide chez nous.

Le Vanneau huppé, une espèce des milieux agricole qui nichent au sol © Dominique Duyck

Le Vanneau huppé, une espèce des milieux agricole qui nichent au sol © Dominique Duyck

Les causes évoquées pour expliquer ces déclins sont multiples et variables selon les espèces. L'industrialisation de l'agriculture et son intensification diminuent les ressources alimentaires (tant les insectes que les graines tout au long de l'année) et les sites propices à la nidification (parcelles plus grandes, moins de lisières, fauches hâtives...). Le réchauffement climatique est aussi défavorable à plusieurs espèces même si d'autres semblent en profiter. Certaines espèces sont en plus victimes de piégeage ou de chasse lors de leur migration ou sur le lieux d'hivernage, c'est le cas notamment de la Tourterelle des bois qui bénéficie maintenant d'un Plan d'Action récemment adopté au niveau européen

Que faire face à cette situation? Bien entendu, des actions peuvent être mises en place localement pour limiter les déclin. Mais surtout, il est urgent que des mesures soient prises à plus grande échelle, notamment au niveau européen, pour modifier les pratiques agricoles actuelles ou, à tout le moins, les rendre plus compatible avec le maintien de la biodiversité. Natagora et BirdLife Europe sont très actif à ce niveau pour sensibiliser les décideurs. Et ils se basent sur les résultats objectifs obtenus par des milliers d'ornithologues partout en Europe.

Vous pouvez consulter l'article et les compléments (graphes spécifiques) sur notre site web.

Nous tenons à remercier chaleureusement la DGO3 du SPW pour le soutien à ce projet, ainsi que tous les ornithologues ayant participé aux comptages, encodage des données et analyses !