Aves a participé à la 23e conférence de l'EBCC

Photo Ivo Dinsbergs

Du 31 mars au 5 avril 2025 se tenait à l’Université de Riga, en Lettonie, la 23e conférence de l’European Bird Census Council*. Cette conférence se déroule tous les 3 ans et regroupe les ornithologues européens autour du monitoring des oiseaux. Le slogan de cette conférence est d’ailleurs “Chaque oiseau compte”.

Le programme était chargé, avec plus de 90 présentations et une centaine de posters. Plusieurs ateliers spécifiques étaient aussi organisés pour permettre aux responsables de projets des différents pays de se retrouver en personnes et partager leurs expériences. Les soirées et la journée de visite sur le terrain ont également permis de tisser des liens et d’échanger lors de nombreuses discussions ornithologiques et méthodologiques.

La délégation du département études de Natagora, pour Aves, était composée de Jean-Yves Paquet, Jean-Sébastien Rousseau-Piot, Marius Pailhès et Antoine Derouaux, chacun ayant préparé une présentation ou un poster en lien avec nos projets d’étude.

De gauche à droite, Antoine Derouaux, Jean-Sébastien Rousseau-Piot, Jean-Yves Paquet et Marius Pailhès. Un bon observateur les retrouvera dans la photo de groupe ci-dessus…

La grande majorité des présentation ont mis en évidence les observateurs passionnés d’oiseaux, souvent volontaires, qui contribuent à la récolte des données pour de nombreux projets scientifiques. Ces projets servent à mieux connaître les populations d’oiseaux pour mieux les protéger. Mais ils servent aussi à évaluer les mesures mises en place pour la protection des espèces.

Et à travers ses projets, Aves n’a pas à rougir. Entre les suivis des oiseaux communs, les atlas, les enquêtes spécifiques et l’exploitation des données issues du portail www.observations.be nous avons pu présenter plusieurs résultats intéressants. Nous avons surtout la chance de pouvoir compter sur un très bon réseau d’ornithologues de qualité, souvent issus de nos formations. En effet, pour obtenir des résultats scientifiques pertinents, il est indispensable de pouvoir se baser sur des données objectives et qualitatives. Nos protocoles et la validation des observations dans notre portail permet d’utiliser ces données dans de nombreuses études locales ou internationales. 

Vous pouvez télécharger les posters présentés par l’équipe en cliquant sur les liens ci-dessous :

Atlas des oiseaux de Bruxelles (Marius Pailhès, Simon Feys, Antoine Derouaux, Jean-Yves Paquet)

Évolution des oiseaux d’eau hivernant en Belgique (Koen Devos, Thierry Onkelinx, Jean-Yves Paquet, Antoine Derouaux)

Contribution de l’intelligence artificielle pour la récolte des données ornithologiques (Jean-Sébastien Rousseaux-Piot, Jean-Yves Paquet).

Deux présentations orales ont également été faites lors de cette conférence :

De la campagne aux villes et villages : l’évolution récente de la population de Corbeaux freux en Wallonie.(Antoine Derouaux, Mathieu Derume et Jean-Yves Paquet). Elle présente les premiers résultats du recensement exhaustif des colonies de Corbeaux freux en Wallonie en 2024. Un article plus détaillé sera publié prochainement.

L’utilisation des données courantes pour estimer les changement dans les populations d’oiseaux terrestres hivernants (Thomas Duchesne et Jean-Yves Paquet). Cette présentation, plus technique, montre la possibilité de calculer des tendances pour mesurer l’évolution des populations d’oiseaux sur base de données récoltées sans protocoles.

*L’European Bird Census Council (EBCC) coordonne le monitoring des oiseaux nicheurs en Europe (via PECBMS), c’est aussi l’organe qui a coordonné le deuxième Atlas des Oiseaux nicheurs d’Europe (EBBA2) et enfin, il s’assure que les différents portails d’encodage d’observations en Europe puissent regrouper leurs banques de données via le projet EuroBirdPortal. Aves s’implique dans ces projets via l’envoi des données, la participation aux différents ateliers organisés par l’EBCC et par une représentation dans le board de l’EBCC (Jean-Yves Paquet en est le nouveau vice-président).

Les inondations catastrophiques de juillet 2021 ont-elles aussi impacté les espèces de grand intérêt biologique ?

Les crues catastrophiques de juillet 2021 ont fortement impacté les bassins versants de plusieurs rivières de l’est de la Wallonie. Comme ce type d’évènement extrême sera malheureusement de plus en plus fréquent dans le futur, il est nécessaire de se poser la question de leur impact sur la biodiversité et singulièrement sur leurs conséquences sur plusieurs espèces de grand intérêt patrimonial inféodées aux eaux courantes. C’est cette question qui a incité le Service Public de Wallonie à commander une étude attribuée à Natagora. De nombreux naturalistes ont été activés sur le sujet par notre Département Études et ce post est l’occasion de partager avec vous les résultats de ces travaux, même s’il dépasse le cadre strict des oiseaux !

Un Cincle plongeur (photo: Karl Gillebert)

Les espèces concernées sont parmi les plus emblématiques de l’écosystème rivière en Wallonie : le Cincle plongeur (Cinclus cinclus), le Martin-pêcheur (Alcedo atthis), l’Hirondelle de rivage (Riparia riparia), la Salamandre tachetée (Salamandra salamandra), la Cordulie à corps fin (Oxygastra curtisii), le Gomphe vulgaire (Gomphus vulgatissimus) et le Gomphe à pinces (Onychogomphus forcipatus), le Caloptéryx splendide (Calopteryx splendens) et le Caloptéryx vierge (Calopteryx virgo).

Aucun impact fort et durable de la crue de 2021 sur les espèces considérées n’a pu être mis en évidence, même si pour certaines espèces, des impacts négatifs significatifs se sont probablement produits, au moins localement, dans des secteurs fortement impactés par les crues ou les travaux de remise en état. C’est le cas, par exemple, pour la Salamandre tachetée, dont les larves sont susceptibles d’être emportées par le courant. Néanmoins, pour pouvoir mettre en évidence ce type d’impact, il aurait été nécessaire de disposer de comptages permettant de caractériser l’état initial et de réaliser de nouveaux comptages immédiatement après les crues.

À côté de cela, des impacts positifs peuvent aussi être attendus pour les espèces dépendant d’habitats générés par la dynamique érosive, à l’instar du Martin-pêcheur qui installe ses terriers dans les berges verticales. Le Gomphe à pince a pu être observé pour la première fois dans la vallée de la Vesdre en 2022 ; nos inventaires ciblés ont pu documenter sa présence en de nombreux endroits de cette vallée en 2023. Vu le déficit de prospections relatif aux odonates pendant la période précédant les crues, il n’est pas possible de conclure s’il s’agit bien là d’une apparition récente résultant de la modification des habitats causée par les crues dans un contexte d’évolution positive de l’espèce, ou si l’espèce était déjà présente auparavant, sans être détectée par un naturaliste.

À l’échelle de la Région wallonne ou des principaux bassins versants de l’est du territoire, l’abondance des espèces emblématiques considérées n’est pas figée. Voici les tendances qui semblent se dessiner pour les trois espèces d’oiseaux ciblées par l’étude:

  • 251 à 284 couples d’hirondelles de rivage étaient installés dans les berges de rivières en 2023. Ce nombre est similaire ou en légère hausse par rapport aux 208 à 262 couples recensés en 2001 à l’occasion de l’atlas des oiseaux nicheurs de Wallonie; mais il reste toutefois plus bas que les 402 couples dénombrés pour la période 1972-1973 car de nombreuses colonies ont disparu à la suite de travaux hydrauliques.

  • Pour le Cincle plongeur, des déclins et des augmentations localisés ont été mis en évidence par les travaux de terrain et la compilation des données provenant des enquêtes spécifiques passées. À l’échelle de la population wallonne, il se pourrait qu’un léger déclin commence à se faire ressentir également. Une attention particulière devrait être portée à cette espèce dans les années à venir en renforçant son suivi, afin de percevoir plus précisément son évolution, tant globalement que localement.

  • La population de Martin-pêcheur d’Europe semble en progression significative, tirant probablement profit des changements climatiques en cours (succession d’hivers doux, mois de mai chauds et secs).

La mise en place de monitorings ciblés et standardisés apparaît donc nécessaire afin de pouvoir appréhender correctement, ou du moins plus finement, l’évolution des populations des espèces liées aux rivières. Plusieurs protocoles de suivi ont été établis ou testés dans le cadre de ce marché public. Des conseils pratiques et des recommandations relatives à leur mise en œuvre et à la stratégie d’échantillonnage visée sont fournis dans ce rapport.

Nous tenons à remercier l’ensemble des naturalistes qui ont participé aux inventaires ciblés sur les rivières, et aussi tous ceux qui partagent régulièrement leurs observations sur Observations.be !

Le rapport complet est accessible au téléchargement via ce lien.

La grippe aviaire en Wallonie, comment agir en cas de découverte de cadavres suspects ?

La grippe aviaire est un terme qui désigne une maladie due à un ensemble de virus plus ou moins pathogènes selon la combinaison de leurs sous-types H et N. Certaines souches sont hautement pathogènes et causent la mort des oiseaux infectés, parfois en grands nombres. Certaines espèces sont plus sensibles que d’autres et toutes les souches du virus ne sont pas dangereuses. Le virus se transmet par les fientes, la salive et les contacts direct entre oiseaux. Il survit assez longtemps dans l’environnement, ce qui augmente la contamination. La transmission à l’homme est très rare mais possible, surtout chez des personnes en contacts étroit avec les oiseaux et leurs fientes. Le principal risque économique provient de l’abattage des volailles d’élevages possiblement contaminés et l’impossibilité d’exporter des volailles vers certains pays. Les virus voyagent sur de longues distances avec les oiseaux migrateurs mais aussi avec le commerce (légal ou non) d’oiseaux (surtout les volailles).

Depuis 2021, une souche hautement pathogène de la grippe aviaire (H5N1) est devenue endémique en Europe et dans le monde, des centaines de milliers d’oiseaux sauvages et domestiques ont été décimés par ce virus, particulièrement des oiseaux d’eau coloniaux (laridés, sternes, fous, pélicans…), des anatidés et des rapaces. Plusieurs cas ont été mentionnés et rapportés dans la presse en Wallonie (Clavier, Frasnes-lez-Anvaing…). 

Cependant, en Flandre où les populations de sternes qui avaient été durement touchées par le virus, la situation s’est améliorée en 2024 avec une très bonne année de reproduction des Sternes caugek.

Groupe de Bernaches du Canada aux Barrages de l’Eau d’Heure, un site à risque car il abrite de nombreux oiseaux d’eau en hiver (photo Olivier Colinet).

La Belgique disposait déjà d’un système de veille permanente organisé depuis plusieurs année en collaboration avec l’IRSNB et Sciencano qui teste régulièrement les anatidés lors de séances de captures spécifiques. Suite à l’épidémie, le Service Public de Wallonie a rapidement mis en place un système d’alerte et des protocoles à suivre en cas de découverte de cadavres d’oiseaux suspects. Une page web et un portail d’encodage des données d’oiseaux morts ont été créés afin que les ornithologues, les autres acteurs de terrain et les particuliers puissent s’informer sur la maladie et renseigner des cas possibles.

Que faire en cas de découverte de cadavres d’oiseaux et de suspicion de grippe aviaire ?

Les ornithologues étant régulièrement sur le terrain et souvent proches des zones humides, là où les risques de contamination sont les plus élevés, ils sont en première ligne pour détecter les foyers potentiels de la maladie. Afin de limiter la propagation, il est de notre devoir de signaler au plus vite les cas suspects.

La première précaution à prendre est de ne pas toucher les cadavres, du moins sans gants de protection.

Vous pouvez contacter le service téléphonique SOS Environnement du SPW via le 1718 (1719 pour les germanophones) afin de signaler les cadavres. Une procédure interne au SPW sera alors mise en place pour évacuer les cadavres et tenter de limiter la propagation des éventuels virus.

Il est aussi possible d’encoder la découverte de cadavres via le portail de l’observatoire de la biodiversité. Una alerte sera alors donnée aux services compétents pour s’occuper de l’enlèvement des cadavres.

A Bruxelles, vous pouvez appeler le “Call Center Influenza” au numéro gratuit 0800 99 777.

En cas de découverte d’oiseaux malades, le mieux est de contacter un CREAVES