Nos oiseaux nicheurs communs... plus si communs que cela !

Le projet d'atlas des oiseaux nicheurs d'Europe (European Breeding Bird Atlas 2, EBBA2) est en cours depuis 2013. Aves participe activement à ce projet. Pour les observateurs wallons, le défi actuel est de re-parcourir des carrés kilométriques répartis à travers toute la région. Cet échantillonnage avait été mis en place lors de la campagne de terrain pour l'atlas des oiseaux nicheurs de Wallonie entre 2001 et 2007. L'EBBA2 est donc une bonne opportunité pour mesurer l'évolution de l'avifaune wallonne sur un pas de temps d'un peu plus de 10 ans. Après la saison 2016, où plus de 130 observateurs ont déjà permis d'obtenir des informations pour plus de 550 carrés, c'est l'heure des premiers verdicts (provisoires).

Les premiers résultats de comparaison 2001-2007 versus 2016 sont assez inquiétants pour notre avifaune, et pas seulement pour les oiseaux des champs, dont le déclin est malheureusement une rengaine déjà bien connue. Une majorité de nos espèces "répandues" sont en régression. Ainsi, en 10 ans, la Tourterelle des bois aurait perdu 70% de son effectif moyen (nombre d'individus par carré) et 70% de son aire (nombre de carrés occupés). Ce n'est pas une surprise: le déclin généralisé de cette espèce préoccupe tellement les conservationnistes qu'un plan d'action européen est en préparation. Ce qui tout aussi interpellant, c'est que même sa cousine plus familière, la Tourterelle turque, est également en régression récente d'après nos premières analyses (-30% de l'effectif depuis 2007).

Tourterelle turque (au-dessus) et Tourterelle des bois (en dessous)

 

Ces premières constatations, détaillée dans un rapport téléchargeable sur notre site, bien qu'inquiétantes, ne sont que préliminaires. L'échantillonnage devra encore s'élargir l'année qui vient, pour obtenir une meilleure représentativité du territoire (notamment: l'Ardenne et les zones forestières ont été sous-échantillonnées jusqu'ici). 

Deux saisons de terrain sont encore prévue. Contactez-nous si vous désirez y participer.

Nous tenons à remercier les dizaines de bénévoles qui participent à ce projet ainsi que Gilles San Martin qui nous a bien aidé pour les analyses statistiques.

2016: un automne mémorable pour les amateurs d'oiseaux rares!

Cela n'arrive pas tous les jours: ce 24 octobre, des bagueurs ont capturé à Ingooigem (Flandre Occ.) une espèce d'oiseau qui n'avait encore jamais été observée en Belgique (et seulement 10 fois auparavant dans tout le Paléarctique occidental), le Pouillot de Temminck (Phylloscopus coronatus). Le post ci-dessous (extrait des pages Facebook "Birding Belgium") dévoile les photos de l'événement. Cet insectivore niche dans l'extrême est de la Russie, au Japon et dans le NE de la Chine...

Cette découverte n'est pas un événement isolé. En effet, l'automne 2016 restera dans les annales ornithologiques comme une saison exceptionnelle pour les oiseaux rares venus de l'est. Les conditions météorologiques en septembre et début octobre (voir l'animation ci-dessous) ont été caractérisées par de puissants anticyclones, bloqués sur le nord de la Russie, envoyant vers l'Europe des courants d'est continus. Ce phénomène s'est produit au moment de la migration de nombreux passereaux sibériens qui, normalement, migrent alors vers le sud, voire le sud-est, du continent asiatique. Certains individus ont ainsi été déviés et sont peu à peu découverts en Europe occidentale, pour le plus grand plaisir des "twitchers".

Parmi les autre stars de l'automne figure aussi l'Accenteur montanelle Prunella montanella, une magnifique espèce extrêmement rare en Europe occidentale... et pour cause: Nicheur de la limite nord des forêts de l'Oural à l'est de la Sibérie, cet accenteur hiverne en Chine et en Corée. Les courants d'est, sans doute alliés à une bonne saison de reproduction, ont donc poussé - jusqu'à présent - plus de 80 individus différents jusque nos régions. Enfin... presque, car à l'heure d'écrire ces lignes, l'espèce n'a pas encore été trouvée en Belgique (la plupart des observations ont lieu en Fennoscandie). La photo ci-dessous illustre l'individu découvert près de Rotterdam le 21 octobre

© Jurrien van Deijk (cc:by-nc-nd)

© Jurrien van Deijk (cc:by-nc-nd)

C'est donc le moment d'être particulièrement attentif aux accenteurs; notre "cible" présente un comportement discret semblable à notre Accenteur mouchet, se nourrit principalement au sol et fréquente les buissons bas et les fourrés, particulièrement près des cours d'eau  (d'après del Hoyo et al., 2005, Handbook of the Birds of the World, vol. 10).

Outre le Pouillot de Temminck, et même si l'Accenteur montanelle est pour l'instant introuvable en Belgique, notre pays n'est donc pas en reste avec les espèces sibériennes: un Bruant à calotte blanche découvert le 21/10 à Zeebruges, plusieurs Bruants nains signalés, un Pouillot brun observé à Wenduine, un Pouillot de Schwarz capturé non loin de Bruges, un Pouillot de Hume se montrant à Blankenberge depuis le 21/10. Le Belgian Rare Bird Committee aura donc du pain sur la planche pour examiner toutes ces données!

Et n'oublions pas le Pouillot à grands sourcils, une espèce sibérienne régulière en automne en Europe occidentale, mais dont l'afflux observé cette année est sans précédent! À ce jour, l'espèce a été signalée dans plus de 141 carrés kilométriques en Belgique depuis le 1er septembre... À consulter également: les mouvements du Pouillot à grands sourcils à travers toute l'Europe, au travers de l'ensemble des portails d'observations en Europe, visibles sur EuroBirdPortal.

L'automne est loin d'être fini: à vos jumelles pour découvrir le reste des surprises qui nous attendent!

Le virus USUTU arrive en Belgique, appel aux observateurs

Le virus USUTU a été décrit fin des années 1950 dans le Sud de l'Afrique. Il se transmet essentiellement aux oiseaux via des moustiques. La première observation de ce virus en Europe date de 2001 en Autriche. Il est cependant possible que des mortalités de Merles noirs (Turdus merula) en Toscane en 1996 aient déjà été causées par cette infection. Les passereaux (surtout le Merle noir et les moineaux) ainsi que les chouettes (surtout la Chouette lapone) sont particulièrement sensibles à ce virus. Le Merle noir est un bon indicateur et il est suivi activement dans plusieurs pays de l'Est de l'Europe. Des analyses sont régulièrement réalisées lors de séances de baguage. En Belgique, l'Institut des Sciences Naturelles réalise des relevés pour détecter le virus, non pathogène pour l'homme.

Le merle noir est la principale victime du virus USUTU. Photo : René Dumoulin

Le merle noir est la principale victime du virus USUTU. Photo : René Dumoulin

Deux premiers cas d'infection ont été découverts en 2012 dans la vallée de la Meuse entre Huy et Namur. Un pic épeiche et un Bouvreuil pivoine captif ont été diagnostiqués porteurs de l'USUTU par les vétérinaires de l'ULg. La progression vers le Nord-Ouest de l'Europe à partir d'un foyer en Allemagne de l'Ouest est démontrée dans l'article et ces deux espèces n'étaient pas encore connues comme victimes de ce virus (Garigliany et al, 2013). Il semble que la circulation du virus soit restée faible depuis lors.

Le virus a très probablement été découvert récemment dans le Limbourg et les Fourons. De nombreux merles ont succombé au virus et quelques Chouettes lapones captives également. Mais le problème pourrait être plus répandu.

Les symptômes sont divers : problèmes de coordination, pertes d'équilibre, incapacité de voler, yeux mi-clos, anorexie, immobilité, plumage non entretenu...) et une mort subite.

Si vous trouvez des merles morts d'une manière suspecte (plusieurs oiseaux morts dans un espace restreint, oiseaux présentant les symptômes avant la mort) merci de les collecter. Manipulez les cadavres avec des gants et placez les dans des sachets en plastique.

Vous pouvez les transférer directement à la Faculté de médecine vétérinaire de l'ULg, service de pathologie (bâtiment B43, 1er étage) sans les congeler ou vers un point de collecte de la clinique vétérinaire de l'Université de Liège situé en Wallonie(voir liste sur ce lien) situé en Wallonie, prévenez le responsable que vous allez y déposer l'oiseau. N'oubliez pas d'indiquer la date et le lieu précis de la découverte du cadavre ainsi que votre nom et vos coordonnées. Si vous ne pouvez pas vous rendre dans un de ces points de collecte vous pouvez contacter le service de diagnostic concerné à la Faculté de médecine vétérinaire au 04/366.40.75 (8h30 à 18h00), une navette pourra éventuellement passer prendre la dépouille les jours ouvrables. En cas de mortalité collective (plus de 10 cadavres dans une commune), contactez le service de Pathologie Animale de l’ULg au 0475/821.155 pour organiser leur acheminement immédiat vers le laboratoire de diagnostic.

Sources : 

Communiqué de Natuurpunt

Communiqué du CERVA

Garigliany, M.-M., Marlier, D., Tenner-Racz, K., Eiden, M., Cassart, D., Gandar, F., Beer, M., Schmidt-Chanasit, J. & Desmecht, D. (2014) : Detection of Usutu virus in a Bullfinch (Pyrrhula pyrrhula) and a great spotted woodpecker (Dendrocopos major) in north-west Europe. The Veterarinary Journal, 199 : 191-193.