Le suivi de l’avifaune hivernante ... ou la nécessité d’encoder des listes complètes

Au printemps l’avifaune nidificatrice fait l’objet de programmes bien connus de monitorings permanents (p. ex. Suivi des Oiseaux Communs par points d’écoute) ou d’inventaires ponctuels et récurrents (p. ex. Atlas des Oiseaux nicheurs) auxquels participent de plus en plus de volontaires motivés, qu’ils en soient remerciés.

Mais qu’en est-il de l’avifaune hivernante chez nous ?

Pinson du Nord N20389@Jules Fouarge.jpg

Hormis les oiseaux d’eau qui font l’objet d’un Dénombrement Hivernal régulier (DHOE), l’avifaune hivernante n’est pas suivie de façon systématique et structurée. Chaque hiver les ornithologues se posent des questions pertinentes sur l’absence locale de telle espèce aux mangeoires, sur la présence anormalement abondante de telle autre ou sur les mouvements hivernaux de passereaux grégaires comme les turdidés, les fringilles.... Et force est de constater que nous manquons de données exploitables, notamment celles liées à l’effort de prospection au niveau local. Il est par conséquent difficile de dégager des tendances d’évolution de l’avifaune hivernante et encore plus difficile de proposer des explications.

Ça va changer !

Avec la croissance continue du nombre d’observateurs et la mise à disposition de nouveaux outils d’encodage performants (site web et applications pour Smartphone) il devient tout à fait possible de passer à la vitesse supérieure et d’en savoir plus sur les tendances de l’avifaune hivernante. Enfin !

Comment faire ? Les listes complètes !

La façon de procéder est très simple : pour obtenir des résultats comparables d’année en année et statistiquement exploitables, il faut remplir des Listes Complètes d’observations. Ces listes complètes sont un des plus puissants outils que les observateurs volontaires peuvent utiliser dans le domaine des sciences participatives. Cette pratique est déjà dominante dans les pays anglo-saxons et particulièrement aux USA. Au lieu d’encoder uniquement les 3 ou 4 espèces intéressantes (à vos yeux) que vous avez observées lors de votre sortie, vous complétez rapidement la liste de toutes les espèces que vous avez croisées. Cette liste donne une indication indirecte (mais néanmoins précise!) de l’effort de détection que vous avez exercé sur le terrain. Si votre liste est longue mais qu’une espèce X n’en fait pas partie, cela permet d’en déduire une “absence probable” de l’espèce X sur votre lieu d’observation, malgré une observation attentive. Les listes permettent aussi de tenir compte des biais dus aux différences géographiques ou temporelles dans l’intensité des prospections ornithologiques. Ceci est d’autant plus vrai qu’une liste sur Observations.be doit toujours comprendre une heure de début et une heure de fin !

L’objectif du Département Études de Natagora est de mettre en place un suivi des populations d’oiseaux en hiver, en se basant sur ces listes, à partir de l’hiver 2019-2020. Les détails du protocole de recensement sont en cours de préparation mais faire des listes complètes est d’ors-et-déjà précieux !

En pratique :

Ces listes complètes peuvent très facilement être réalisées avec la fonction ‘parcours/point ‘de l’application ObsMapp de votre smartphone (s’il tourne sous Androïd), ces listes sont ensuite chargées sur le portail d’encodage Observations.be.

route_ObsMapp.png

Une autre manière de compléter sa liste est de l’encoder directement sur Observations.be lorsque vous êtes rentrés chez vous. ‘Ajouter’ / ‘Liste d’observations’.

liste_obsbe.png

Les résultats collectés permettent de tirer foule d’analyses différentes, l’arrivée et le départ d’hivernants chez nous. Sont-ils plus fréquents ou non cette année?

Phénologie du Pinson du Nord (Fringilla montifringilla) au Royaume Uni. La courbe rouge représente le pourcentage de listes complètes mentionnant l’espèce pour l’ensemble des années. La courbe bleue donne les résultats de 2019 (Graphe issu de BirdTr…

Phénologie du Pinson du Nord (Fringilla montifringilla) au Royaume Uni. La courbe rouge représente le pourcentage de listes complètes mentionnant l’espèce pour l’ensemble des années. La courbe bleue donne les résultats de 2019 (Graphe issu de BirdTrack). Ce genre de graphe sera bientôt disponible pour la Wallonie et Bruxelles.

Intéressés ? Bientôt des formations pour vous !

Vous pouvez télécharger le manuel explicatif pour la création de listes complètes sur ce lien.

Nous allons bientôt proposer des formations aux observateurs, notamment sur l’encodage de listes complètes. Les différents types de listes seront présentés. La manipulation de ObsMapp sur smartphone, l’encodage sur le web, la manière d’exploiter vos données personnelles... le programme est en cours d’élaboration.

Et en attendant le suivi systématique de l’hiver prochain... ?

Pourquoi ne pas déjà s’exercer à faire des listes complètes, avec votre smartphone ou en ligne sur le portail observations.be, pour les endroits que vous prospectez habituellement ? Vos listes de l’hiver en cours nous seront très utiles et permettront de dégager des premiers enseignements sur l’avifaune hivernante wallonne. N’attendez pas !

Aménager les bâtiments pour accueillir des martinets

© René Dumoulin

© René Dumoulin

Les bâtiments anciens abritent souvent de nombreuses espèces d’oiseaux qui trouvent diverses cavités pour installer leurs nids. Mais les rénovations et les nouvelles constructions diminuent drastiquement les fuites et autres “aérations” au profit d’une meilleur isolation pour éviter les pertes de chaleur.

Martinets et moineaux sont les premiers touchés par ces modifications de l’habitat et leurs populations peuvent en souffrir, en ville comme à la campagne.

Le groupe de travail sur les martinets de Natagora a publié récemment des recommandations pour intégrer les martinets dans les travaux de construction ou de rénovation de bâtiments. L’article est disponible en ligne via ce lien. Il a été rédigé par la spécialiste de l’espèce en Belgique, Martine Wauters.

Le GT Martinet, se veut très actif, tant dans la sensibilisation que dans les projets concrets et les recensements de nids. Entre deux conférences, il faut suivre des travaux d’aménagements avant d’entamer les inventaires en mai et juin. Si vous êtes intéressés par ces oiseaux qui ne se posent (presque) jamais, vous pouvez aussi consulter le blog Martine(t) News, vous trouverez toutes les possibilités pour vous investir dans la protection des martinets.

L’un des derniers projets concrets du GT Martinet s’est mis en place récemment à Visé. Trente nichoirs ont été intégrés dans un nouvel immeuble à appartement situé le long de la Meuse, dans la future résidence des Martinets.

De nombreux outils existent pour les architectes ou les particuliers qui veulent créer des projets de bâtiments compatibles avec le biodiversité. À Bruxelles, l’IBGE consacre plusieurs pages web à des conseils sur le sujet.

Natagora propose aussi des conseils d’aménagements pour les hirondelles, les chouettes et les chauves-souris. Pour que nos bâtiments restent accueillants pour la biodiversité tout en devenant plus efficace d’un point de vue énergétique.

© René Dumoulin

© René Dumoulin

Passionné par la migration des grues cendrées?

Si la réponse à cette question est oui et que les nouvelles technologies ne vous rebutent pas, ceci est pour vous!

© Gert Vanderzande

© Gert Vanderzande

Un groupe WhatsApp entièrement dédié à la migration de cette espèce emblématique à travers le couloir ouest-européen a été mis sur pied. Son rôle est de pouvoir se communiquer instantanément depuis le terrain les observations de cette espèce : levés de dortoir, passages migratoires, etc. Un des objectifs est de s'alerter facilement au-delà des frontières nationales des phénomènes migratoires en cours, pour ainsi mieux anticiper et suivre les vagues de migration de l'espèce. D'autres infos, comme des synthèses de dénombrements hivernaux sont aussi partagées sur ce groupe.

Nous accueillons dés à présent des observateurs portugais, espagnols, français, grand-ducaux, belges et hollandais et cherchons à présent à étendre le réseau vers l'Allemagne. Mais il y a encore place pour de nombreux observateurs belges, donc si vous voulez nous rejoindre, bienvenue !

Comment faire ?

C'est très simple ! Envoyez-nous un mail avec votre numéro de portable et nous vous ajouterons à notre groupe "Crane migration network" (un prérequis est d'avoir installer l'appli WhatsApp sur votre téléphone, voir https://whatsapp.com/dl).

Et puis, c'est parti ! Dés que vous observez des grues en migration, un petit message sur le groupe suffit pour prévenir tous les autres participants. Comme c'est un groupe international, les informations transmises devraient contenir les éléments suivants afin que chacun puisse les interpréter correctement :

Pays – Région/Province – Localité/Commune – taille du groupe (estimation) – direction de vol. Éventuellement, la hauteur et la vitesse estimées des vols peuvent être indiquées.

Si vous effectuez un suivi systématique de la migration un jour de gros passage, nous conseillons d’alerter rapidement les membres du réseau du phénomène en cours et de transmettre un total journalier en fin de séance d’observation.

L'encodage de vos données se fera bien sur votre portail préféré (Observations.be pour les plus distraits) en précisant bien le comportement observé (p.ex. "passant en vol SW" pour les grues en migration, "en halte" pour les grues posées, etc.). Ceci est très important pour la validation et l'interprétation ultérieure de vos données.

Sachez aussi que la Belgique vient de rejoindre le Groupe de Travail Européen sur les Grues (Working Group on European Cranes) et enverra pour la première fois un représentant au congrès européen sur les grues, dont la 9e édition se tiendra début décembre en France, à proximité de la réserve nationale d'Arjuzanx. Grâce à toutes les observations de cette espèce que vous avez encodées ou envoyées à la COA jusqu'à présent, nous pourrons présenter un point sur l'évolution des passages migratoires de l'espèce en Belgique et sur l'intérêt des plateaux tourbeux restaurés comme sites de halte migratoire. Un compte-rendu des communications les plus intéressantes de ce colloque vous sera proposé.

Belle migration automnale à tous et à bientôt sur notre groupe WhatsApp !


© Dominique Duyck

© Dominique Duyck

Le Groupe de Travail Européen sur le Grues (ECWG - European Crane Working Group) coordonne les activités de ceux qui étudient et protègent les grues cendrées à travers l'Europe. Les premiers groupes de travail nationaux ont vu le jour dans les années 1990 en Finlande, Suède, Allemagne, France, Portugal et Espagne. Depuis 1991, le travail du ECWG est piloté par Kranichschutz Deutschland et son président actuel est Alain Salvi. Tous les trois à quatre ans, le Groupe de Travail Européen se réuni lors d'un congrès international sur les grues. Le prochain aura lieu à Arjuzanx (France) en décembre 2018.

Toutes les infos sur ce lien.