Collaboration en Hainaut Occidental pour relancer une colonie d'Hirondelle de fenêtre

En juillet 2015, alors que je recensais, sur une façade de la Malterie du Château de Beloeil, dans le cadre du suivi des hirondelles organisé par le Parc Naturel des Plaines de l’Escaut (PNPE),  la deuxième colonie la plus importante d’Hirondelles de fenêtre du Hainaut occidental, j’étais bien loin de me douter que cette colonie forte de 65 nids était menacée ! En effet, des travaux de rénovation sur les châssis ont été réalisés au cours de l’hiver passé et ont menacé la réinstallation de cette importante colonie. Sensible à la protection des hirondelles, M. Dourcy, le propriétaire de la malterie, a pris contact avec Karel Vandemeulebroecke, bagueur habitant à Beloeil, afin de voir quelles mesures de préservation pouvaient être mises en place. Karel a alors contacté le PNPE pour un placement de nids artificiels devant permettre, espérons-le, la réinstallation de la colonie. 

Rapidement, le PNPE s’est mobilisé et dès la mi-avril, 24 nids en béton de bois été installés sur la façade de la malterie. Alors que des hirondelles étaient aux nids après la pose des nichoirs, le froid de la fin avril semble avoir freiné les ardeurs de reproduction des hirondelles, plus occupées à trouver de la nourriture pour leur survie qu’à se reproduire. La météo favorable de ce début de mai devrait permettre le redémarrage de l’installation. Encore merci aux trois intervenants pour leur investissement; Karel, Mr Dourcy et le PNPE ! 

La pose de nichoir ne remplace pas les nids construits par les oiseaux eux-mêmes mais servent de stimulant pour une recolonisation plus rapide d’un endroit connu et favorable à leur installation. L’Hirondelle de fenêtre est en déclin dans nos régions; la destruction de nid pour des raisons esthétiques (fientes sur les façades) est un facteur aggravant. Alors que dans le sud de l’Europe, les nids sont généralement acceptés sur les façades et y forment très souvent des grappes composées de plusieurs nids, il en va tout autrement dans d’autres régions comme la nôtre où les fientes et autres salissures engendrées par la nidification sont de moins en moins tolérées. Des solutions existent pour réduire les nuisances, comme la pose d’une planchette sous le nid (lisez à ce sujet les pages du GT Hirondelles d'Aves).

Bon à savoir également, le PNPE organise un suivi des hirondelles sur le périmètre du Parc Naturel des Plaines de l’Escaut (avec une page projet sur le site Observations.be), le recensement permet de suivre l’état des populations mais aussi, comme pour le cas de la Malterie de Beloeil, à réaménager ou à sauvegarder lorsque les conditions techniques sont réunies. Chaque nid compte ! Si vous désirez recenser les hirondelles, avoir des renseignements ou signaler une modification de l’environnement de nidification des hirondelles, contactez le PNPE (Contact - Parc naturel des Plaines de l’Escaut) ou le GT Hirondelles d'Aves-Natagora.

La Bergeronnette nordique, un bijou du mois de mai

Bergeronnette nordique, mâle - Nassogne 16/05/2015 photo: D. Vieuxtemps. Cet individu présente des marques sombres sur la poitrine, caractère variable chez cette sous-espèce.

Bergeronnette nordique, mâle - Nassogne 16/05/2015 photo: D. Vieuxtemps. Cet individu présente des marques sombres sur la poitrine, caractère variable chez cette sous-espèce.

Pour qui cherche dans les pattes des vaches, près des zones humides ou dans les terres de cultures, il est possible d'observer ce mois-ci une jolie variante de notre Bergeronnette printanière, la Bergeronnette nordique ou, selon son nom scientifique, la "thunbergi". Elle se reconnait, du moins chez le mâle, à sa calotte d'un gris-bleu très foncé, à ses lores sombres et au sourcil presque toujours absent. Cette sous-espèce se reproduit en Scandinavie et en Sibérie.

Il n'y a en fait pas beaucoup d'exemples où plusieurs sous-espèces d'une même espèce sont identifiables et facilement observables sur le terrain dans notre pays. Si on examine les données parvenues à la Centrale Ornithologique Aves, on s'aperçoit qu'il y a une forte différence de phénologie entre M. f. thunbergi et la sous-espèce nominale. Le graphe ci-dessous, tiré de l'analyse de plus de 17.000 données de Bergeronnette printanière en Wallonie, permet de visualiser ces différences.

Proportion journalière des observations printanières de Bergeronnettes printanières en Wallonie (période 1990-2015). Sources: Banque Ornithologique Aves _ Observations.be - OFFH 

Proportion journalière des observations printanières de Bergeronnettes printanières en Wallonie (période 1990-2015). Sources: Banque Ornithologique Aves _ Observations.be - OFFH 

Alors que la Bergeronnette printanière "flava" (celle qui niche notamment en Belgique) nous revient dès le début avril, la Bergeronnette nordique ne commence généralement à être observée en Wallonie qu'après le 20 avril. Sa fréquence d'observation culmine autour de la mi-mai pour s'achever brusquement dès la fin du mois. Elle est très rare en juin. Sa période de présence est donc beaucoup plus étroite que pour la flava; ne vous laissez donc pas induire en erreur par le type de graphe choisi ici (qui montre, pour une date donnée, la proportion de données sur l'ensemble des observations printanières collectées pour le taxon considéré depuis 1990). En réalité, même au moment de son pic du passage à la mi-mai, la thunbergi ne représente que 20 % des observations de Bergeronnettes printanières en Wallonie.

En fait, la Bergeronnette printanière nordique passe bien après la sous-espèce plus méridionale, puisque son habitat plus nordique n'est "disponible" que plus tard en saison.

Autre particularité, dans notre pays, cette sous-espèce est beaucoup moins fréquente au automne qu'au printemps: même lors de son pic de présence post-nuptial, à la fin août, la sous-espèce nordique ne représente que moins de 10% des données de Bergeronnettes printanières. Si vous avez une hypothèse d'explication pour ce phénomène, n'hésitez pas à poster un commentaire!

Bonnes recherches de thunbergi sur le terrain !

 

Oiseaux communs en Wallonie: plus de rouge que de vert...

Depuis plus de 25 ans, des points d'écoute sont réalisés annuellement de manière standardisée, partout à travers la Wallonie, pour évaluer les tendances des populations d'oiseaux communs. C'est le programme SOCWAL (Surveillance des Oiseaux Communs de Wallonie).

L'an dernier, vous avez été une septantaine à faire vos traditionnels points d'écoute. Pour certains, c'était une première, bienvenue à eux. Nous avons réalisé une première analyse des tendances des populations entre 1990 et 2015, en nous basant pour 2015 sur les 1831 points effectués et encodés. 

Le graphe ci-dessous montre les tendances moyennes annuelles pour chaque espèce sur 26 ans: en rouge, les espèces dont la population diminue à long terme, en vert, celles qui augmente. Au premier coup d’œil, on voit qu'une majorité d'espèces présente une évolution plutôt négative.

Taux de croissance annuel moyen (en %) des espèces classées par ordre croissant de la tendance. La barre d’erreur précise l’intervalle de confiance (95 %) autour cette tendance. Les espèces en déclin significatif sont colorées en rouge, celles en augmentation en vert et les stables en bleu. Cliquez pour agrandir l'image.

Le Bruant proyer reste l'espèce qui décline le plus rapidement en Wallonie, suivi de l'Hypolaïs ictérine et de la Tourterelle des bois. Le Coucou gris, en déclin depuis 1990 a aussi accéléré sa diminution depuis 2008. Au rayon des bonnes nouvelles, citons le rétablissement des populations de Rougegorge et de Troglodyte depuis 2008 et l'augmentation continue d'une quinzaine d'espèces.

À partir de toutes les tendances espèces par espèces, nous construisons aussi des indicateurs multispécifiques. Le principe est de regrouper les tendances d'espèces qui partagent une même écologie et dont la tendance moyenne porte donc un message sur l'évolution du milieu correspondant à ces espèces.  Le graphe ci-dessous montre ainsi les tendances des oiseaux communs (moyenne de toutes les espèces), des oiseaux des milieux agricoles (FBI pour Farmland Bird Index) et des oiseaux des milieux forestiers.

Globalement, le déclin reste donc important pour les espèces des milieux agricoles. Les oiseaux liés aux milieux forestiers semblent par contre se rétablir légèrement depuis quelques années. Sur le long terme, ces espèces ont néanmoins connus un certain déclin. 

Bruant proyer (Laurent Raty).

Bruant proyer (Laurent Raty).

Un grand merci à tous les participants. Certains d'entre-eux suivent les mêmes points d'écoute depuis plus de 25 ans, cela assure une robustesse exceptionnelle à ces résultats qui sont intégrés aux résultats européens dans le cadre du Pan European Common Bird Monitoring. Continuons tous ensemble en 2016 !

Si vous voulez prendre part à ce programme, contactez-nous.

Projet soutenu par le SPW, DGO3

Projet soutenu par le SPW, DGO3