Grippe aviaire

La grippe aviaire en Wallonie, comment agir en cas de découverte de cadavres suspects ?

La grippe aviaire est un terme qui désigne une maladie due à un ensemble de virus plus ou moins pathogènes selon la combinaison de leurs sous-types H et N. Certaines souches sont hautement pathogènes et causent la mort des oiseaux infectés, parfois en grands nombres. Certaines espèces sont plus sensibles que d’autres et toutes les souches du virus ne sont pas dangereuses. Le virus se transmet par les fientes, la salive et les contacts direct entre oiseaux. Il survit assez longtemps dans l’environnement, ce qui augmente la contamination. La transmission à l’homme est très rare mais possible, surtout chez des personnes en contacts étroit avec les oiseaux et leurs fientes. Le principal risque économique provient de l’abattage des volailles d’élevages possiblement contaminés et l’impossibilité d’exporter des volailles vers certains pays. Les virus voyagent sur de longues distances avec les oiseaux migrateurs mais aussi avec le commerce (légal ou non) d’oiseaux (surtout les volailles).

Depuis 2021, une souche hautement pathogène de la grippe aviaire (H5N1) est devenue endémique en Europe et dans le monde, des centaines de milliers d’oiseaux sauvages et domestiques ont été décimés par ce virus, particulièrement des oiseaux d’eau coloniaux (laridés, sternes, fous, pélicans…), des anatidés et des rapaces. Plusieurs cas ont été mentionnés et rapportés dans la presse en Wallonie (Clavier, Frasnes-lez-Anvaing…). 

Cependant, en Flandre où les populations de sternes qui avaient été durement touchées par le virus, la situation s’est améliorée en 2024 avec une très bonne année de reproduction des Sternes caugek.

Groupe de Bernaches du Canada aux Barrages de l’Eau d’Heure, un site à risque car il abrite de nombreux oiseaux d’eau en hiver (photo Olivier Colinet).

La Belgique disposait déjà d’un système de veille permanente organisé depuis plusieurs année en collaboration avec l’IRSNB et Sciencano qui teste régulièrement les anatidés lors de séances de captures spécifiques. Suite à l’épidémie, le Service Public de Wallonie a rapidement mis en place un système d’alerte et des protocoles à suivre en cas de découverte de cadavres d’oiseaux suspects. Une page web et un portail d’encodage des données d’oiseaux morts ont été créés afin que les ornithologues, les autres acteurs de terrain et les particuliers puissent s’informer sur la maladie et renseigner des cas possibles.

Que faire en cas de découverte de cadavres d’oiseaux et de suspicion de grippe aviaire ?

Les ornithologues étant régulièrement sur le terrain et souvent proches des zones humides, là où les risques de contamination sont les plus élevés, ils sont en première ligne pour détecter les foyers potentiels de la maladie. Afin de limiter la propagation, il est de notre devoir de signaler au plus vite les cas suspects.

La première précaution à prendre est de ne pas toucher les cadavres, du moins sans gants de protection.

Vous pouvez contacter le service téléphonique SOS Environnement du SPW via le 1718 (1719 pour les germanophones) afin de signaler les cadavres. Une procédure interne au SPW sera alors mise en place pour évacuer les cadavres et tenter de limiter la propagation des éventuels virus.

Il est aussi possible d’encoder la découverte de cadavres via le portail de l’observatoire de la biodiversité. Una alerte sera alors donnée aux services compétents pour s’occuper de l’enlèvement des cadavres.

A Bruxelles, vous pouvez appeler le “Call Center Influenza” au numéro gratuit 0800 99 777.

En cas de découverte d’oiseaux malades, le mieux est de contacter un CREAVES


Le point sur la grippe aviaire en Belgique

Après le premier cas identifié le 31 janvier 2017 chez un éleveur amateur de volailles d’ornement de la région de Lebekke (à 20 km au nord-ouest de Bruxelles), un Cygne tuberculé adulte a été confirmé positif au virus H5N8 hautement pathogène à Oud-Heverlee (20 km à l'est de Bruxelles), le 21 février. L’oiseau a été trouvé mort, flottant sur l’étang d’une réserve naturelle gérée par l’ANB (= DNF en Flandre). Dans les deux cas, il n’a pas été constaté de contamination "secondaire" (= d'autres oiseaux), malgré la mise en place d’une surveillance ad hoc dans les environs. Les deux virus ont été isolés au CERVA (centre d’expertise vétérinaire des SPF Santé publique et SPF Agriculture – laboratoire de référence pour la grippe aviaire) et leur génotypage est en cours afin notamment d’évaluer dans quelle mesure les deux cas sont liés. Il s’agit donc des deux premiers cas de détection d’un virus d’influenza aviaire hautement pathogène chez des oiseaux en Belgique. En réalité, il s’agit du deuxième et du troisième cas, car le premier cas pour l’Europe du fameux H5N1 hautement pathogène a été isolé en Belgique le 18 octobre 2004 par le CERVA; l'échantillon avait été prélevé sur un Aigle montagnard Spizaetus nipalensis, saisi à la douane de l'aéroport de Bruxelles National, dans les baguages à main d’un passager en provenance de Bangkok. 

Cygnes chanteurs à Roly (photo Alain De Broyer)

Cygnes chanteurs à Roly (photo Alain De Broyer)

Ces deux cas de H5N8 hautement pathogène ne sont évidemment pas étonnants: inutile de rappeler que les oiseaux se déplacent au-delà des frontières et que l’épizootie ( = épidémie chez les animaux) touche quasi toutes les régions d’Europe, depuis le premier cas constaté en Hongrie en octobre passé.
 
Ce qui commence par contre à être un sujet de préoccupation est l’ampleur des mortalités chez les oiseaux sauvages. On peut l’estimer à des dizaines de milliers d’oiseaux appartenant à une trentaine d’espèces. La plupart sont des anatidés, mais pas uniquement. De surcroît, et dans une certaine (malheureuse) logique, on compte des espèces rares, fragiles, voire sévèrement menacées. Une dizaine de Faucons pèlerins, autant de Pygargues à queue blanche, des Autours des Palombes, au moins un Grand-duc d’Europe, tous trouvé morts, ont été testés positifs. Encore plus grave, au moins deux Oies naines ont été trouvées mortes en Hongrie. Ces deux individus appartiennent plus que probablement à la population nicheuse relictuelle de Norvège – la dernière d’Europe - qui compte seulement… 130 individus, qui hivernent jusque dans le Delta de l’Evros en Grèce. 

Que faire ? Pas grande chose dans l’état actuel des connaissances, si ce n’est empêcher que les foyers dans les élevages ne se propagent, en contaminent d’autres élevages ou des oiseaux sauvages. Et bien évidemment, participer à l’augmentation de la connaissance sur ce virus et son écologie.
 
Rester vigilant est ce que nous pouvons faire de mieux. Cela a parfaitement fonctionné dans le cas du cygne d’Oud-Heverlée puisque c’est une birdwatcheuse assidue de la vallée de la Dyle qui a repéré le cadavre, a alerté l’ANB qui a immédiatement envoyé une équipe récupérer le cygne pour l’envoyer au CERVA pour analyse. Dès les premiers résultats d’analyse connus, des bagueurs-collaborateurs de l’IRSNB ont capturé-bagué-relâché et réalisé des prélèvements sur des Cygnes tuberculés dans les étangs avoisinants et ont cherché l’éventuelle présence d’autres cadavres afin d’évaluer la possibilité de cas secondaires. La chaîne de collaboration a donc parfaitement fonctionné. Les consignes de vigilance sont spécifiées sur le site de l’AFSCA et du CERVA et ont été communiquées notamment aux 589 bourgmestres du pays.

En deux mots : si vous découvrez un Cygne ou un Grèbe mort, ou cinq oiseaux morts appartenant à une même famille et en un même lieu, avertissez s’il vous plait sans délai le DNF en Wallonie, l’IBGE à Bruxelles ou l’ANB en Flandre. Ce sont ces instances qui sont responsables de la collecte des cadavres découverts dans la Nature et de leur transport vers le labo du CERVA. Un grand merci d’avance !
 
Par ailleurs, afin que le dispositif soit le plus complet possible,  le Centre belge du Baguage organise tout au cours de l’année, à la demande et selon les prescriptions de l’AFSCA et du CERVA, la collecte des cadavres dans les CREAVES, CROH et autres VOC ainsi que la prise d’échantillons de liquide cloaqual sur des oiseaux des espèces sensibles au cours d’opération de baguage.