Oiseaux d'eau

Comment bien recenser une colonie du Héron cendré ?

La deuxième quinzaine d’avril, juste avant la pleine feuillaison, est la meilleure période pour recenser les nids de Héron cendré Ardea cinerea dans les colonies dont vous auriez connaissance. Cela demande juste un peu de patience et une bonne séance d’observation, de préférence à la longue-vue. Si vous encodez de la “bonne” façon sur Observations.be, ces données seront très utiles pour le suivi de la population nicheuse de cette espèce coloniale, qui semble avoir perdu du terrain depuis l’atlas 2001-2007.
Alors, comment faire ?

Héron cendré adulte construisant un nid dans un épicéa - remarquez le bec bien orangé. Les colonies dans des épicéas sont difficiles à recenser si les arbres sont en bonne santé. Il faut parfois passer sous la colonie pour repérer les coquilles d’œufs ou trouver une situation éloignée mais surplombante (photo R. Dujardin).

Le Héron peut commencer à s’installer pour nicher très tôt, dès janvier parfois, mais c’est en avril qu’un maximum de nids actifs peuvent être observés dans les colonies. Sauf dérangement ou modification de l’habitat, ces colonies sont utilisées pendant de nombreuses années; contrairement au Grand Cormoran, le Héron ne tue pas les arbres qu’il occupe. Les nids isolés sont rares, mais les colonies dépassent rarement quelques dizaines de nids dans notre région, toujours dans des arbres et le plus souvent en feuillus. Elles sont assez facilement repérées car, sauf dans les zones marécageuses, les nids sont généralement placés assez haut et les adultes sont bien visibles.

La première chose à faire est de repérer le meilleur angle de vue d’où examiner les nids. Parfois, plusieurs points de vue sont nécessaires pour ne manquer aucun nid, mais on veillera alors à bien éviter les doubles-comptages. Les colonies situées sur des îles de Meuse doivent souvent être examinées depuis les deux rives. Il n’y a pas vraiment d’heure idéale, mais évitons si possible les situations de contre-jour. Parfois, il vaut mieux s’éloigner pour obtenir un meilleur angle de vision et en tout cas, il faut éviter de se trouver à distance d’envol des adultes. Un comptage rapide peut être réalisé aux jumelles mais un examen minutieux à la longue-vue apportera un meilleur résultat.

L’unité de base à recenser est le “Nid Apparemment Occupé” (NAO). Au moins un adulte est généralement visible sur le NAO, sauf si les poussins sont déjà grands. Un nid abandonné récemment (avec par exemple des traces de fientes ou de branches fraiches) est normalement aussi à compter comme NAO. Un nid en construction est à considérer comme NAO. La longue-vue est particulièrement utile pour repérer les adultes en train de couver car ils sont parfois couchés très bas dans le nid, à peine visible: parfois, quelques plumes grises seulement émergent des branches, parfois un bout de bec orange. Dans cette situation, un souffle de vent peut faire bouger ses plumes légères et ainsi révéler le Héron tapis dans les branchages ! Il existe de plus en plus de colonies mixtes avec le Grand Cormoran et ceux-ci doivent être bien entendu renseignés à part. Juste après l’éclosion, les petits poussins, parfois invisibles au creux du nid, sont généralement en permanence assistés d’un adulte. Sur le terrain, n’hésitez pas à prendre un maximum de notes, ou à détailler un maximum l’observation en direct sur ObsMapp/iObs.

Aspect typique d’une colonie, ici seulement 6 nids au sommet d’aulnes à Yvoir (photo JY Paquet)

Comment encoder un comptage d’une colonie (sur Observations.be) ?

  • Localiser l’endroit du centre approximatif de la colonie, plutôt que le lieu d’où vous observez (mais n’hésitez pas à mentionner en commentaire où vous vous trouviez, si c’était un bon endroit d’où regarder, etc.)

  • Noter dans le champ “nombre d’individus” le nombre de nids, pas celui des oiseaux présents (malgré le nom du champ !). N’hésitez pas à “détailler la composition du groupe” pour renseigner les différents types de nids ci-dessous.

  • Utiliser le champ “comportement” au minimum en indiquant “nid occupé” pour un nid avec occupation claire ou présence d’individus ou de traces au nid. Facultativement, vous pouvez éventuellement détailler “nid occupé avec poussins” si vous voyez au minimum un poussin et “nid occupé avec œufs” si un adulte est couché en position de couvaison sur le nid. “Site de nid probable” est à utiliser pour un nid possible de Héron cendré ne présentant aucune trace d’activité récente - il peut s’agir d’un nid abandonné des années antérieures.

  • Très important: ajouter un commentaire dans le champ “remarque, pour confirmer votre comptage et ses conditions. Cela ne prend pas beaucoup de temps et c’est super utile, parfois crucial, pour l’analyste qui est chargé de compiler les données. Eventuellement préciser si vous pensez que le comptage est complet ou non, et n’hésitez pas à ajouter un maximum de détails comme les arbres occupés.

Quelques exemples d’encodage-type de colonies: Virelles, Saint-Mard, Viesville et Yvoir.

N’hésitez pas non plus à pointer les “observations négatives”, c’est-à-dire des endroits visités où une colonie est plausible (île de Meuse par exemple) ou active une autre année, mais où aucun nid n’est visible ou actif. Pour cela, pointer le site, mettre 0 en nombre et nid occupé en comportement, comme ici.

Même si vous passez par hasard sur un site fréquenté où vous pensez que la colonie sera bien renseigné par un autre observateur, n’hésitez pas à la recenser vous-même et à “bien” l’encoder. De nombreuses colonies vues ou photographiées de nombreuses fois ne sont en fait jamais examinées en détail.

Un grand merci pour votre collaboration !

NB: Si vous voulez aller plus loin et suivre la colonie au cours de la saison, il vaut mieux utiliser une image qui localise les nids afin de les suivre d’une visite à l’autre. Ce type d’information est difficilement saisie dans Observations.be, il vaut mieux tenir à jour votre propre tableau, n’hésitez pas à nous contacter pour plus de conseils !

Monitoring des oiseaux en région de Bruxelles-Capitale en 2022

Chaque année depuis plus de 30 ans, Aves, le pôle ornithologique de Natagora, travaille en partenariat avec Bruxelles-Environnement sur différents projets de monitoring (oiseaux, mammifères, reptiles et amphibiens…).

Le monitoring des populations d’oiseaux mobilise tous les ans des dizaines d’ornithologues volontaires qui comptent les oiseaux communs, les oiseaux d’eau, les perruches, les moineaux, les martinets ou les hirondelles. Des milliers de données sont ainsi récoltées chaque années dans nos banques de données. Un rapport annuel est ensuite produit en début d’année afin de justifier les subsides perçus de la Région pour ce travail.

Cette publication résume le rapport de 2022 en fonction des différents projets menés l’an dernier. Le rapport complet est disponible au format pdf en cliquant sur ce lien.

En résumé, six projets sont mis en évidence dans le rapport :

  1. L’Atlas des oiseaux de Bruxelles,

  2. Le suivi des oiseaux communs (SOCBRU),

  3. Le suivi des hirondelles,

  4. Le dénombrement hivernal des oiseaux d’eau,

  5. Le dénombrement printanier des oiseaux d’eau,

  6. Le monitoring des espèces exotiques envahissantes (perruches et oiseaux d'eau).

Photo Thierry Meeùs

L’atlas des oiseaux de bruxelles

Il a démarré au printemps 2022 et continuera jusqu’à l’hiver 2024-2025. L’objectif est de mettre à jour l’atlas précédent et d’avoir une idée de l’hivernage de l’avifaune à Bruxelles. La région est divisée en 198 carrés qui seront inventoriés tout au long de l’année. Il y a actuellement 93 participants et 164 carrés réservés ! Les premiers résultats et les inscriptions pour participer se trouvent sur le portail de l’atlas en ligne.

le suivi des oiseaux communs (socbru)

Ce projet de longue haleine a débuté en 1992. Chaque année, deux fois durant le printemps, des observateurs comptent tous les oiseaux contactés durant 15 minutes à un endroit précis. Il y a 116 points répartis dans toute la région. La répétition des comptages sur le long terme permet de récolter des données similaires d’années en années. Une modélisation statistique permet ensuite de calculer des indices annuels comparables même si tous les points n’ont pas été couverts. Ces indices permettent d’avoir une idée de l’évolution des populations d’oiseaux communs.

Ces suivis mettent en évidence un déclin global de l’avifaune indigène depuis 1992 et une augmentation des espèces exotiques. Les oiseaux liés aux bâtiments sont eux en déclin. Les résultats par espèce et par groupes d’espèces se trouvent dans le rapport.

Le suivi des hirondelles

Depuis 2021, les trois espèces d’hirondelles nichent à nouveau à Bruxelles. L’hirondelle de rivage s’est en effet installée dans les trous des murs du canal après plus de 40 ans d’absence ! Les hirondelles de fenêtres sont à nouveau en déclin après avoir augmenté suite à la pose massive de nichoirs et la protection des colonies restantes. Quelques grosses colonies sont présentes à Bruxelles et semblent assez stables contrairement aux plus petites qui ont tendance à disparaître. L’hirondelle rustique est quant à elle au bord de l’extinction.

Photo : Didier Kint

Le dénombrement hivernal des oiseaux d’eau (DHOE)

Ces comptages ont lieu chaque année en hiver. Il s’intègrent dans un comptage international des oiseaux d’eau qui se déroule partout dans le monde à la mi-janvier. Au total, 32 espèces (dont 15 anatidés) et 5.740 oiseaux ont été comptés dans une cinquantaine de sites.

Le dénombrement printanier des oiseaux d’eau

Le suivi des oiseaux d’eau communs au printemps a été réalisé sur un échantillonnage de 23 étangs. 14 espèces ont été dénombrées. Les espèces aquatiques les plus fréquentes sont dans l’ordre décroissant : la Foulque macroule, le Canard colvert, la Bernache du Canada, l’Ouette d’Égypte et le Fuligule morillon. Deux espèces exotiques ont été rencontrées : la Bernache du Canada et l’Ouette d’Égypte. Les espèces exotiques représentent 27% de l’avifaune aquatique printanière. Les effectifs les plus élevés se trouvent aux étangs Mellaerts, aux étangs de Neerpede et au Parc de Woluwe. Les sites les plus riches en espèces sont les étangs de Neerpede, l’étang de Val Duchesse et le Parc de Woluwe.

Remerciements

Nous remercions Bruxelles-Environnement pour son soutien dans nos projets de monitoring à Bruxelles. Les nombreux ornithologues volontaires qui participent avec plaisir à nos recensements sont indispensables à la récolte des données . Merci à eux. Enfin, l’atlas des oiseaux de Bruxelles est mené en partenariat avec Natuurpunt.

Les oiseaux des marais d'Harchies en 2020

Les marais d’Harchies regroupent plusieurs étangs, roselières, marais et prairies humides sur un total de 550 hectares. C’est une zone de haut intérêt biologique mise en réserve naturelle en 1986. Elle est gérée par une commission de gestion composée de volontaires de Natagora, du DNF et du DEMNA. C’est l’un des sites majeurs pour les oiseaux d’eau en Wallonie, tant en hivernage qu’en période de nidification.

Photo : Frédéric Demeuse

Les ornithologues locaux de la section Aves Mons-Tournai suivent attentivement ce site, passant des centaines d’heures à chercher les preuves de nidification, compter les nichées et rapporter les informations dans un rapport. Ils se basent aussi sur les observations des ornithologues fréquentant plus ou moins régulièrement le site et utilisant observations.be.

Le rapport ornithologique pour l’année 2020 vient d’être finalisé. En 146 pages illustrées de photos d’observateurs assidus et d’aquarelles d’Yves Fagniart, vous y trouverez les informations sur la nidification de 111 espèces. Il faut aussi y ajouter les migrateurs et les hivernants. Ce sont donc plus de 200 espèces qui sont traitées dans ce rapport.

La colonie mixte d’ardéidés et de Grands Cormorans suscite beaucoup d’attention. La difficulté de voir les nids demande aux observateurs de longues heures pour obtenir des résultats sur les réussites et les nombres de jeunes à l’envol. Les chiffres sont, comme souvent, impressionnants : 5 nichées de Grande Aigrette, 64 nichées d’Aigrette garzette, 35 nichées de Héron garde-boeufs, 20 nichées de Bihoreaux gris et 80 nichées de Héron cendré ! Et il faut y ajouter 205 nids de Grands Cormorans et 7 nichées de Spatule blanche, le tout difficilement accessible, les pieds dans l’eau.

Outre le dénombrement des individus et des nichées, le document reprend aussi des notes de terrain relatant les comportements observés lors des périodes d’affût.

Le rapport au format pdf ce trouve sur ce lien. A comparer avec le rapport de 2019 et les autres chroniques du site.

Bonne lecture.