Marais d'Harchies

Les oiseaux des marais d'Harchies en 2020

Les marais d’Harchies regroupent plusieurs étangs, roselières, marais et prairies humides sur un total de 550 hectares. C’est une zone de haut intérêt biologique mise en réserve naturelle en 1986. Elle est gérée par une commission de gestion composée de volontaires de Natagora, du DNF et du DEMNA. C’est l’un des sites majeurs pour les oiseaux d’eau en Wallonie, tant en hivernage qu’en période de nidification.

Photo : Frédéric Demeuse

Les ornithologues locaux de la section Aves Mons-Tournai suivent attentivement ce site, passant des centaines d’heures à chercher les preuves de nidification, compter les nichées et rapporter les informations dans un rapport. Ils se basent aussi sur les observations des ornithologues fréquentant plus ou moins régulièrement le site et utilisant observations.be.

Le rapport ornithologique pour l’année 2020 vient d’être finalisé. En 146 pages illustrées de photos d’observateurs assidus et d’aquarelles d’Yves Fagniart, vous y trouverez les informations sur la nidification de 111 espèces. Il faut aussi y ajouter les migrateurs et les hivernants. Ce sont donc plus de 200 espèces qui sont traitées dans ce rapport.

La colonie mixte d’ardéidés et de Grands Cormorans suscite beaucoup d’attention. La difficulté de voir les nids demande aux observateurs de longues heures pour obtenir des résultats sur les réussites et les nombres de jeunes à l’envol. Les chiffres sont, comme souvent, impressionnants : 5 nichées de Grande Aigrette, 64 nichées d’Aigrette garzette, 35 nichées de Héron garde-boeufs, 20 nichées de Bihoreaux gris et 80 nichées de Héron cendré ! Et il faut y ajouter 205 nids de Grands Cormorans et 7 nichées de Spatule blanche, le tout difficilement accessible, les pieds dans l’eau.

Outre le dénombrement des individus et des nichées, le document reprend aussi des notes de terrain relatant les comportements observés lors des périodes d’affût.

Le rapport au format pdf ce trouve sur ce lien. A comparer avec le rapport de 2019 et les autres chroniques du site.

Bonne lecture.

Comment a-t-on suivi la première nidification wallonne d'un des oiseaux les plus discrets d'Europe ?

… c’est que que vous allez découvrir dans le dernier numéro de notre revue Aves, qui vient de paraître !

Nous publions des travaux originaux dans tous les domaines de l'ornithologie, spécialement dans le cadre géographique belge, en particulier de la Wallonie et de Bruxelles. La revue présente aussi des rubriques d'information, des échos de recherches et des recensions de livres. Les articles de plus de 50 ans de publication sont disponibles gratuitement sur le site Internet d’Aves, pôle ornithologique de Natagora.

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Au menu du numéro 57/3 (2020), avec en couverture cet oiseau si discret: la Marouette de Baillon !

> Un très chouette article richement documenté sur les premiers cas de nidification de la Marouette de Baillon en Wallonie. Un tout grand bravo aux découvreurs qui ont suivi, sans les déranger, les deux couples venus se reproduire aux marais d'Harchies. Comment distinguer les adultes grâce au plumage? A quoi ressemblent les différents cris de cette espèce mystérieuse? Quels outils mettre en place pour voir et entendre sans être vu? Tout y est détaillé.

> Le rapport annuel de la Commission d'Homologation (Belgian Rarity Birds Committee) présentant les oiseaux rares observés en Belgique en 2019. Celui-ci mentionne notamment l'observation de trois nouveaux taxons pour la faune belge: la Pie-grièche brune des Philippines, le Traquet de Seebohm et la Calliope sibérienne.

> Le traditionnel feed-back sur les recensements hivernaux des oiseaux d'eau en 2019-2020.

> Un point sur les épizooties à Bruxelles dans la rubrique du Carnet ornitho. Pour rappel, cette rubrique est ouverte à toutes vos observations insolites de comportements peu connus des ornithos.

Vous souhaitant une très belle lecture !

Pourquoi ne pas publier votre recherche en ornithologie dans la Revue Aves ? Consultez les instructions aux auteurs et contactez-nous.

Première reproduction de la Marouette de Baillon en Wallonie

La Marouette de Baillon à Harchies en 2019 (photo Matthieu Fabry)

La Marouette de Baillon à Harchies en 2019 (photo Matthieu Fabry)

La Marouette de Baillon Zapornia pusilla est un des oiseaux les plus mystérieux d’Europe. Ce très petit râle se distingue de la Marouette poussin Zapornia parva par l’absence de rouge à la racine du bec, le bas du ventre barré de blanc et de brun et les ailes plus courtes. Son chant, rarement entendu, est très particulier et rappelle un peu un cri de Grenouille verte. L’espèce recherche un habitat où il est très difficile de l’observer : des plaques de végétation herbacée basse et dense inondée – mais pas trop ! – en bordure des marais: étendues de carex, de joncs, etc. Le caractère extraordinaire de l’espèce se marque aussi par son aire de répartition, très grande : Europe, Asie (où l’espèce est migratrice), Afrique et Australie (où l’espèce est sédentaire). Au sein de cette aire immense, sa répartition est très éparse, comme celle de son habitat, et l’estimation globale de la population globale est étonnamment faible : de 8.000 à 26.000 mâles chanteurs (dont 980 à 1.400 en Europe).

L’espèce est un nicheur occasionnel très rare en Flandre. En Wallonie, sa nidification n’a jamais été soupçonnée… et sa présence même en migration n’est d’ailleurs que très exceptionnelle.

Découvert fortuitement fin juin au sein des Marais d'Harchies, un couple s'est finalement installé au cœur d'un petit saule dense dans une cariçaie, où il est parvenu à mener à terme une nichée d’au moins 3 poussins.

Le 17 juillet à l'aube, ces 3 petits ont été brièvement observés, alors qu'ils émergeaient de ce buisson suite à l'arrivée intempestive d'un Canard Colvert. Alertes, ces minuscules juvéniles aux plumes noires, soyeuses et luisantes - aux yeux noirs eux aussi - desquelles ne se démarque qu'un bec blanc, trottaient dans les pattes de leurs parents, dont ils avaient la moitié de la taille. Ces derniers apportant leur pitance en toute discrétion, à intervalles réguliers.

L'implication du groupe de travail "Marais d'Harchies" de la section Natagora - Aves Mons-Tournai fut primordiale pour parvenir à démontrer la reproduction. Des caméras et enregistreurs ont été placés avec prudence. L'analyse de cette masse de données permettra de lever un coin de voile sur la vie de cet oiseau si mystérieux et peu loquace. C'est du moins le vœu des ornithologues qui se sont investis dans cette étude. Malgré le désir d'associer le plus grand nombre à ces observations, la quiétude du site a finalement prévalu pour garantir la réussite de cette première nidification wallonne.

Le Comité de Gestion de ce complexe marécageux mérite également un grand coup de chapeau pour la confiance témoignée tout au long de ce suivi si délicat.

Le groupe de travail "Marais d'Harchies »  de la section Natagora - Aves Mons-Tournai

Pour en savoir plus sur la Marouette de Baillon, consultez le site de BirdLife.

Les pièges à caméra ont permis d’étudier les marouettes dans un habitat dense sans les déranger (photo: Robin Gailly)

Les pièges à caméra ont permis d’étudier les marouettes dans un habitat dense sans les déranger (photo: Robin Gailly)