2016: un automne mémorable pour les amateurs d'oiseaux rares!

Cela n'arrive pas tous les jours: ce 24 octobre, des bagueurs ont capturé à Ingooigem (Flandre Occ.) une espèce d'oiseau qui n'avait encore jamais été observée en Belgique (et seulement 10 fois auparavant dans tout le Paléarctique occidental), le Pouillot de Temminck (Phylloscopus coronatus). Le post ci-dessous (extrait des pages Facebook "Birding Belgium") dévoile les photos de l'événement. Cet insectivore niche dans l'extrême est de la Russie, au Japon et dans le NE de la Chine...

Cette découverte n'est pas un événement isolé. En effet, l'automne 2016 restera dans les annales ornithologiques comme une saison exceptionnelle pour les oiseaux rares venus de l'est. Les conditions météorologiques en septembre et début octobre (voir l'animation ci-dessous) ont été caractérisées par de puissants anticyclones, bloqués sur le nord de la Russie, envoyant vers l'Europe des courants d'est continus. Ce phénomène s'est produit au moment de la migration de nombreux passereaux sibériens qui, normalement, migrent alors vers le sud, voire le sud-est, du continent asiatique. Certains individus ont ainsi été déviés et sont peu à peu découverts en Europe occidentale, pour le plus grand plaisir des "twitchers".

Parmi les autre stars de l'automne figure aussi l'Accenteur montanelle Prunella montanella, une magnifique espèce extrêmement rare en Europe occidentale... et pour cause: Nicheur de la limite nord des forêts de l'Oural à l'est de la Sibérie, cet accenteur hiverne en Chine et en Corée. Les courants d'est, sans doute alliés à une bonne saison de reproduction, ont donc poussé - jusqu'à présent - plus de 80 individus différents jusque nos régions. Enfin... presque, car à l'heure d'écrire ces lignes, l'espèce n'a pas encore été trouvée en Belgique (la plupart des observations ont lieu en Fennoscandie). La photo ci-dessous illustre l'individu découvert près de Rotterdam le 21 octobre

© Jurrien van Deijk (cc:by-nc-nd)

© Jurrien van Deijk (cc:by-nc-nd)

C'est donc le moment d'être particulièrement attentif aux accenteurs; notre "cible" présente un comportement discret semblable à notre Accenteur mouchet, se nourrit principalement au sol et fréquente les buissons bas et les fourrés, particulièrement près des cours d'eau  (d'après del Hoyo et al., 2005, Handbook of the Birds of the World, vol. 10).

Outre le Pouillot de Temminck, et même si l'Accenteur montanelle est pour l'instant introuvable en Belgique, notre pays n'est donc pas en reste avec les espèces sibériennes: un Bruant à calotte blanche découvert le 21/10 à Zeebruges, plusieurs Bruants nains signalés, un Pouillot brun observé à Wenduine, un Pouillot de Schwarz capturé non loin de Bruges, un Pouillot de Hume se montrant à Blankenberge depuis le 21/10. Le Belgian Rare Bird Committee aura donc du pain sur la planche pour examiner toutes ces données!

Et n'oublions pas le Pouillot à grands sourcils, une espèce sibérienne régulière en automne en Europe occidentale, mais dont l'afflux observé cette année est sans précédent! À ce jour, l'espèce a été signalée dans plus de 141 carrés kilométriques en Belgique depuis le 1er septembre... À consulter également: les mouvements du Pouillot à grands sourcils à travers toute l'Europe, au travers de l'ensemble des portails d'observations en Europe, visibles sur EuroBirdPortal.

L'automne est loin d'être fini: à vos jumelles pour découvrir le reste des surprises qui nous attendent!

Le virus USUTU arrive en Belgique, appel aux observateurs

Le virus USUTU a été décrit fin des années 1950 dans le Sud de l'Afrique. Il se transmet essentiellement aux oiseaux via des moustiques. La première observation de ce virus en Europe date de 2001 en Autriche. Il est cependant possible que des mortalités de Merles noirs (Turdus merula) en Toscane en 1996 aient déjà été causées par cette infection. Les passereaux (surtout le Merle noir et les moineaux) ainsi que les chouettes (surtout la Chouette lapone) sont particulièrement sensibles à ce virus. Le Merle noir est un bon indicateur et il est suivi activement dans plusieurs pays de l'Est de l'Europe. Des analyses sont régulièrement réalisées lors de séances de baguage. En Belgique, l'Institut des Sciences Naturelles réalise des relevés pour détecter le virus, non pathogène pour l'homme.

Le merle noir est la principale victime du virus USUTU. Photo : René Dumoulin

Le merle noir est la principale victime du virus USUTU. Photo : René Dumoulin

Deux premiers cas d'infection ont été découverts en 2012 dans la vallée de la Meuse entre Huy et Namur. Un pic épeiche et un Bouvreuil pivoine captif ont été diagnostiqués porteurs de l'USUTU par les vétérinaires de l'ULg. La progression vers le Nord-Ouest de l'Europe à partir d'un foyer en Allemagne de l'Ouest est démontrée dans l'article et ces deux espèces n'étaient pas encore connues comme victimes de ce virus (Garigliany et al, 2013). Il semble que la circulation du virus soit restée faible depuis lors.

Le virus a très probablement été découvert récemment dans le Limbourg et les Fourons. De nombreux merles ont succombé au virus et quelques Chouettes lapones captives également. Mais le problème pourrait être plus répandu.

Les symptômes sont divers : problèmes de coordination, pertes d'équilibre, incapacité de voler, yeux mi-clos, anorexie, immobilité, plumage non entretenu...) et une mort subite.

Si vous trouvez des merles morts d'une manière suspecte (plusieurs oiseaux morts dans un espace restreint, oiseaux présentant les symptômes avant la mort) merci de les collecter. Manipulez les cadavres avec des gants et placez les dans des sachets en plastique.

Vous pouvez les transférer directement à la Faculté de médecine vétérinaire de l'ULg, service de pathologie (bâtiment B43, 1er étage) sans les congeler ou vers un point de collecte de la clinique vétérinaire de l'Université de Liège situé en Wallonie(voir liste sur ce lien) situé en Wallonie, prévenez le responsable que vous allez y déposer l'oiseau. N'oubliez pas d'indiquer la date et le lieu précis de la découverte du cadavre ainsi que votre nom et vos coordonnées. Si vous ne pouvez pas vous rendre dans un de ces points de collecte vous pouvez contacter le service de diagnostic concerné à la Faculté de médecine vétérinaire au 04/366.40.75 (8h30 à 18h00), une navette pourra éventuellement passer prendre la dépouille les jours ouvrables. En cas de mortalité collective (plus de 10 cadavres dans une commune), contactez le service de Pathologie Animale de l’ULg au 0475/821.155 pour organiser leur acheminement immédiat vers le laboratoire de diagnostic.

Sources : 

Communiqué de Natuurpunt

Communiqué du CERVA

Garigliany, M.-M., Marlier, D., Tenner-Racz, K., Eiden, M., Cassart, D., Gandar, F., Beer, M., Schmidt-Chanasit, J. & Desmecht, D. (2014) : Detection of Usutu virus in a Bullfinch (Pyrrhula pyrrhula) and a great spotted woodpecker (Dendrocopos major) in north-west Europe. The Veterarinary Journal, 199 : 191-193.

Action de protection des Hirondelles de fenêtre à Woluwé-Saint-Pierre

Photo : René Dumoulin

Photo : René Dumoulin

La très grosse opération en faveur des hirondelles de fenêtre de cette année à Woluwe-Saint-Pierre débouche déjà sur des résultats plus qu'appréciables.
 
En ce début d'année, 36 nids artificiels doubles ont été placés (je devrais même dire "concentrés") au cœur du quartier Ste Alix, où depuis 2010 nous avions réussi à faire revenir nicher quelques couples (1 en 2010 - 6 en 2015). Ces 72 nouveaux nids ont été placés sous les corniches de 21 maisons unifamiliales appartenant à des particuliers. Le "CD qui attire les hirondelles de fenêtre" a été distribué à la plupart des personnes ayant mis leur corniche à disposition...
 
Début avril, comme prévu, quelques premières hirondelles sont revenues pour s'installer dans les nids déjà occupés l'an passé (avenue Crockaert et avenue Van Crombrugghe). Comme attendu, celles-ci n'ont prêté aucune attention aux nids nouvellement placés. Des hirondelles supplémentaires sont arrivées d'Afrique fin avril-début mai, toujours sans témoigner plus d'intérêt pour les nouveaux nids.

Nous attendions donc avec impatience, la grosse vague de retours de la mi-mai, qui est généralement constituée de jeunes oiseaux, nés l'an passé et qui n'ayant jamais niché sont à la recherche d'un nid (ou d'un endroit où le maçonner). Début mai, nous avions donné instruction de commencer à diffuser les chants. Tout le quartier s'est soudain mis à gazouiller... Et tous les participants ont commencé à scruter le ciel.
 
Nos espoirs n'ont pas été déçus : dès les début de la semaine dernière (vers le 16-17 mai), un tas de "nouvelles" hirondelles sont apparues dans le quartier Ste Alix. Et comme espéré, elles se sont rapidement intéressées aux nouveaux nids qu'elles visitent depuis lors abondamment. Leur nombre est véritablement impressionnant. Le soir et la matin (quand la météo est clémente) le ciel est rempli d'hirondelles. Cela fait certainement plus de 30 ans qu'il n'y a pas eu autant d'hirondelles à Ste Alix !
Et sans surprise, elles se cantonnent de préférence près des maisons dont les propriétaires ou locataires diffusent le "tube de l'été".

Chaque jour, des messages me parviennent d'habitants émerveillés par le spectacle que constitue les ballet aérien des hirondelles au-dessus de leurs toits. Tous les nids ne seront évidemment pas occupés et il est encore bien trop tôt pour estimer le nombre de couples qui nicheront effectivement cette année. Mais c'est déjà un grand succès, tant auprès des hirondelles que des habitants du quartier.
 
Pour rappel, cette opération est une initiative du GT Hirondelles d'Aves Natagora en collaboration avec plusieurs partenaires locaux :

- La commune de Woluwe Saint Pierre - Echevinat de l'Environnement et services techniques (pose des nids et financement partiel)
- Natura Woluwe, association locale présidée par Edgar Kesteloot (financement partiel)
- Le comité de quartier durable Joli Bois "Prenons le temps" (ancrage local et information des habitants)
- La coopérative CERA (important soutien financier)
- 21 familles du quartier (mise à disposition de leur corniche)