Observations.be 2.0 : du nouveau pour votre portail naturaliste

Après plus de 11 ans d’existence, Observations.be, la plateforme de gestion de données naturalistes de Natagora, fait peau neuve.

Dès son lancement, le portail a révolutionné la manière dont de nombreux naturalistes gèrent leurs données de terrain. Beaucoup l’utilisent comme leur carnet personnel digital, surtout depuis que des applications pour smartphone (ObsMapp et iObs) permettent de saisir les observations directement sur le terrain. Le site web est consulté quotidiennement par des milliers de personnes, curieuses de suivre en direct l’actualité de la nature ou d’admirer les photos qui y sont déposées. Les quelques 36 millions d’observations concernant environ 22.000 espèces en Belgique sont de plus en plus utilisées pour la recherche scientifique ou la conservation de la nature. Un bilan de la première décennie de fonctionnement d’Observations.be avait été présenté lors d’une journée spéciale des observateurs fin 2018 (présentation disponible ici).

Observations.be et les autres sites de la même famille sont gérés par une Fondation, “Observation International”, associant Natagora, Natuurpunt mais aussi des institutions reconnues mondialement comme Naturalis, le centre de recherche sur la biodiversité basé à Leiden (NL). Les observations de nature du monde entier peuvent être encodées sur le site-frère Observation.org (rappelons d’ailleurs que votre compte utilisateur - login/mot de passe - d’Observations.be y est valable également).

Il y a quelques mois, en commençant par le portail historique Waarneming.nl, puis Waarnemingen.be, une grande refonte du système a été entamée et s’étend désormais à notre portail francophone. Cette reprogrammation est nécessaire pour des questions d’optimalisation informatique et de mise à niveau du système, mais elle permet aussi d’améliorer le look et les fonctions disponibles pour les utilisateurs. En voici quelques exemples:

  • Intégration plus facile de l’encodage par photo, couplé au système d’identification automatique “ObsIdentify”. Ce système de reconnaissance par intelligence artificielle donne des résultats vraiment étonnants pour la détermination de nombreuses espèces dans le Benelux. Mettez-le à l’épreuve !

  • Design compatible avec les téléphones portables et les tablettes

  • Amélioration des fonctions d’exploration des dernières observations par localité ou par proximité à partir d’un point

  • Visualisation cartographique nettement améliorée

  • Intégration de “projets” d’inventaire particulier (avec protocole de terrain spécifique), en plus des observations courantes (nous y reviendrons !)

Le nouveau design de la page principale d’encodage d’Observations.be

Le nouveau design de la page principale d’encodage d’Observations.be

Bien entendu, l’utilisateur de longue date d’Observations.be sera peut-être un peu perdu au début, avec un changement de cet importance. De plus, certaines fonctions (notamment certaines explorations statistiques des données) ne sont pas encore totalement transférées. Rassurez-vous, tant que l’adaptation n’est pas complète, vous aurez toujours accès à tout cela à partir du menu “Ancien Site”.

La transition est aussi l’occasion pour chaque observateur de repréciser les conditions d’utilisations des données qu’il transmet. Petit à petit, la famille Observation.org se dirige, à l’instar d’autres systèmes comme iNaturalist ou eBirds, vers le partage en “accès libre et ouvert” des données sur la biodiversité (notamment via le GBIF), mais c’est l’utilisateur qui garde la main. Nous vous recommandons dès lors de favoriser l’utilisation maximale des données pour la protection de la nature des données que vous transmettez.

Bonne découverte de votre nouveau portail et surtout… bonnes observations !

Pour toute question : info@observations.be

La revue AVES vient de paraître : un numéro spécial migration (éditorial) !

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Beaucoup d’entre nous ont des souvenirs lumineux de grandes journées de migration, où la quantité d’oiseaux qui défilent dans nos cieux impressionne autant que leur diversité… De nombreux passionnés attendent le spectacle annuel du ballet des espèces en transhumance. Avant même que la saison de reproduction soit totalement terminée, dès le cœur de l’été, les migrateurs les plus hâtifs font route vers le sud. Peu à peu, avec l’automne, les vols deviennent de plus en plus visibles et les espèces se succèdent, au moins jusqu’en novembre, où les énormes groupes des Pigeons ramiers et les passages concentrés des Grues cendrées constituent un véritable cadeau pour les yeux avant le calme relatif de l’hiver.

Pour spectaculaire qu’elle soit, la migration automnale n’est pas un phénomène qui s’observe aisément par tout un chacun. Il n’est pas si simple d’identifier les oiseaux qui passent en trombe vers leurs quartiers d’hiver. Les plumages ne peuvent que rarement être détaillés et il faut se fier à des critères spécifiques : allure en vol, silhouette, cris de contact... C’est pour faciliter l’accès du plus grand nombre à ce spectacle éternellement renouvelé que nous avons décidé de publier le numéro double exceptionnel que vous tenez entre les mains, différent des volumes habituels à plusieurs égards.

Il s’agit de l’aboutissement d’un projet de longue haleine, né d’une heureuse initiative de quatre ornithos passionnés d’observation de la migration. Les auteurs de ce numéro spécial observent le passage automnal depuis des années, postés sur les collines hennuyères, les cols pyrénéens ou les crêtes ardennaises. Ils ont voulu rassembler l’expérience acquise sur le terrain pour en faire profiter le plus grand nombre.

Ainsi, le contenu traditionnel d’articles présentant des résultats originaux fait place à un guide d’identification spécialisé sur les oiseaux observables en migration active, dans nos régions.

Il offre aussi une restitution des suivis déjà menés en Wallonie par les passionnés de migration. Vous trouverez ainsi des graphes et des indications basés sur les séances de migration encodées dans le portail trektellen.org, qui permettront de connaître, pour chaque espèce, la période préférentielle de passage, les effectifs observés et leur fréquence.

Devant la masse d’informations à traiter, il a fallu faire des choix : ce numéro spécial se focalise sur les espèces visibles chez nous en migration active diurne, pendant la période postnuptiale, la plus spectaculaire dans nos régions.

Le Comité de la revue Aves tient à remercier toutes les personnes impliquées dans ce travail : les observateurs encodant leurs données de suivis migratoires, les photographes, les relecteurs et bien entendu notre quatuor « de choc » sans lequel ce volume n’existerait pas !

Bonne lecture et surtout… excellentes observations !

Lien vers toutes les tables des matières et 50 ans d’articles en libre accès: cliquer ici.

Pourquoi ne pas publier votre recherche en ornithologie dans la Revue Aves ? Consultez les instructions aux auteurs et contactez-nous.

Première reproduction de la Marouette de Baillon en Wallonie

La Marouette de Baillon à Harchies en 2019 (photo Matthieu Fabry)

La Marouette de Baillon à Harchies en 2019 (photo Matthieu Fabry)

La Marouette de Baillon Zapornia pusilla est un des oiseaux les plus mystérieux d’Europe. Ce très petit râle se distingue de la Marouette poussin Zapornia parva par l’absence de rouge à la racine du bec, le bas du ventre barré de blanc et de brun et les ailes plus courtes. Son chant, rarement entendu, est très particulier et rappelle un peu un cri de Grenouille verte. L’espèce recherche un habitat où il est très difficile de l’observer : des plaques de végétation herbacée basse et dense inondée – mais pas trop ! – en bordure des marais: étendues de carex, de joncs, etc. Le caractère extraordinaire de l’espèce se marque aussi par son aire de répartition, très grande : Europe, Asie (où l’espèce est migratrice), Afrique et Australie (où l’espèce est sédentaire). Au sein de cette aire immense, sa répartition est très éparse, comme celle de son habitat, et l’estimation globale de la population globale est étonnamment faible : de 8.000 à 26.000 mâles chanteurs (dont 980 à 1.400 en Europe).

L’espèce est un nicheur occasionnel très rare en Flandre. En Wallonie, sa nidification n’a jamais été soupçonnée… et sa présence même en migration n’est d’ailleurs que très exceptionnelle.

Découvert fortuitement fin juin au sein des Marais d'Harchies, un couple s'est finalement installé au cœur d'un petit saule dense dans une cariçaie, où il est parvenu à mener à terme une nichée d’au moins 3 poussins.

Le 17 juillet à l'aube, ces 3 petits ont été brièvement observés, alors qu'ils émergeaient de ce buisson suite à l'arrivée intempestive d'un Canard Colvert. Alertes, ces minuscules juvéniles aux plumes noires, soyeuses et luisantes - aux yeux noirs eux aussi - desquelles ne se démarque qu'un bec blanc, trottaient dans les pattes de leurs parents, dont ils avaient la moitié de la taille. Ces derniers apportant leur pitance en toute discrétion, à intervalles réguliers.

L'implication du groupe de travail "Marais d'Harchies" de la section Natagora - Aves Mons-Tournai fut primordiale pour parvenir à démontrer la reproduction. Des caméras et enregistreurs ont été placés avec prudence. L'analyse de cette masse de données permettra de lever un coin de voile sur la vie de cet oiseau si mystérieux et peu loquace. C'est du moins le vœu des ornithologues qui se sont investis dans cette étude. Malgré le désir d'associer le plus grand nombre à ces observations, la quiétude du site a finalement prévalu pour garantir la réussite de cette première nidification wallonne.

Le Comité de Gestion de ce complexe marécageux mérite également un grand coup de chapeau pour la confiance témoignée tout au long de ce suivi si délicat.

Le groupe de travail "Marais d'Harchies »  de la section Natagora - Aves Mons-Tournai

Pour en savoir plus sur la Marouette de Baillon, consultez le site de BirdLife.

Les pièges à caméra ont permis d’étudier les marouettes dans un habitat dense sans les déranger (photo: Robin Gailly)

Les pièges à caméra ont permis d’étudier les marouettes dans un habitat dense sans les déranger (photo: Robin Gailly)