La revue AVES vient de paraître : un numéro spécial migration (éditorial) !

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Beaucoup d’entre nous ont des souvenirs lumineux de grandes journées de migration, où la quantité d’oiseaux qui défilent dans nos cieux impressionne autant que leur diversité… De nombreux passionnés attendent le spectacle annuel du ballet des espèces en transhumance. Avant même que la saison de reproduction soit totalement terminée, dès le cœur de l’été, les migrateurs les plus hâtifs font route vers le sud. Peu à peu, avec l’automne, les vols deviennent de plus en plus visibles et les espèces se succèdent, au moins jusqu’en novembre, où les énormes groupes des Pigeons ramiers et les passages concentrés des Grues cendrées constituent un véritable cadeau pour les yeux avant le calme relatif de l’hiver.

Pour spectaculaire qu’elle soit, la migration automnale n’est pas un phénomène qui s’observe aisément par tout un chacun. Il n’est pas si simple d’identifier les oiseaux qui passent en trombe vers leurs quartiers d’hiver. Les plumages ne peuvent que rarement être détaillés et il faut se fier à des critères spécifiques : allure en vol, silhouette, cris de contact... C’est pour faciliter l’accès du plus grand nombre à ce spectacle éternellement renouvelé que nous avons décidé de publier le numéro double exceptionnel que vous tenez entre les mains, différent des volumes habituels à plusieurs égards.

Il s’agit de l’aboutissement d’un projet de longue haleine, né d’une heureuse initiative de quatre ornithos passionnés d’observation de la migration. Les auteurs de ce numéro spécial observent le passage automnal depuis des années, postés sur les collines hennuyères, les cols pyrénéens ou les crêtes ardennaises. Ils ont voulu rassembler l’expérience acquise sur le terrain pour en faire profiter le plus grand nombre.

Ainsi, le contenu traditionnel d’articles présentant des résultats originaux fait place à un guide d’identification spécialisé sur les oiseaux observables en migration active, dans nos régions.

Il offre aussi une restitution des suivis déjà menés en Wallonie par les passionnés de migration. Vous trouverez ainsi des graphes et des indications basés sur les séances de migration encodées dans le portail trektellen.org, qui permettront de connaître, pour chaque espèce, la période préférentielle de passage, les effectifs observés et leur fréquence.

Devant la masse d’informations à traiter, il a fallu faire des choix : ce numéro spécial se focalise sur les espèces visibles chez nous en migration active diurne, pendant la période postnuptiale, la plus spectaculaire dans nos régions.

Le Comité de la revue Aves tient à remercier toutes les personnes impliquées dans ce travail : les observateurs encodant leurs données de suivis migratoires, les photographes, les relecteurs et bien entendu notre quatuor « de choc » sans lequel ce volume n’existerait pas !

Bonne lecture et surtout… excellentes observations !

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Première reproduction de la Marouette de Baillon en Wallonie

La Marouette de Baillon à Harchies en 2019 (photo Matthieu Fabry)

La Marouette de Baillon à Harchies en 2019 (photo Matthieu Fabry)

La Marouette de Baillon Zapornia pusilla est un des oiseaux les plus mystérieux d’Europe. Ce très petit râle se distingue de la Marouette poussin Zapornia parva par l’absence de rouge à la racine du bec, le bas du ventre barré de blanc et de brun et les ailes plus courtes. Son chant, rarement entendu, est très particulier et rappelle un peu un cri de Grenouille verte. L’espèce recherche un habitat où il est très difficile de l’observer : des plaques de végétation herbacée basse et dense inondée – mais pas trop ! – en bordure des marais: étendues de carex, de joncs, etc. Le caractère extraordinaire de l’espèce se marque aussi par son aire de répartition, très grande : Europe, Asie (où l’espèce est migratrice), Afrique et Australie (où l’espèce est sédentaire). Au sein de cette aire immense, sa répartition est très éparse, comme celle de son habitat, et l’estimation globale de la population globale est étonnamment faible : de 8.000 à 26.000 mâles chanteurs (dont 980 à 1.400 en Europe).

L’espèce est un nicheur occasionnel très rare en Flandre. En Wallonie, sa nidification n’a jamais été soupçonnée… et sa présence même en migration n’est d’ailleurs que très exceptionnelle.

Découvert fortuitement fin juin au sein des Marais d'Harchies, un couple s'est finalement installé au cœur d'un petit saule dense dans une cariçaie, où il est parvenu à mener à terme une nichée d’au moins 3 poussins.

Le 17 juillet à l'aube, ces 3 petits ont été brièvement observés, alors qu'ils émergeaient de ce buisson suite à l'arrivée intempestive d'un Canard Colvert. Alertes, ces minuscules juvéniles aux plumes noires, soyeuses et luisantes - aux yeux noirs eux aussi - desquelles ne se démarque qu'un bec blanc, trottaient dans les pattes de leurs parents, dont ils avaient la moitié de la taille. Ces derniers apportant leur pitance en toute discrétion, à intervalles réguliers.

L'implication du groupe de travail "Marais d'Harchies" de la section Natagora - Aves Mons-Tournai fut primordiale pour parvenir à démontrer la reproduction. Des caméras et enregistreurs ont été placés avec prudence. L'analyse de cette masse de données permettra de lever un coin de voile sur la vie de cet oiseau si mystérieux et peu loquace. C'est du moins le vœu des ornithologues qui se sont investis dans cette étude. Malgré le désir d'associer le plus grand nombre à ces observations, la quiétude du site a finalement prévalu pour garantir la réussite de cette première nidification wallonne.

Le Comité de Gestion de ce complexe marécageux mérite également un grand coup de chapeau pour la confiance témoignée tout au long de ce suivi si délicat.

Le groupe de travail "Marais d'Harchies »  de la section Natagora - Aves Mons-Tournai

Pour en savoir plus sur la Marouette de Baillon, consultez le site de BirdLife.

Les pièges à caméra ont permis d’étudier les marouettes dans un habitat dense sans les déranger (photo: Robin Gailly)

Les pièges à caméra ont permis d’étudier les marouettes dans un habitat dense sans les déranger (photo: Robin Gailly)

Lecture planante pour l'été: le numéro 56/1 de la revue AVES est paru (éditorial)

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Les enquêtes de terrain, qui rassemblent les forces vives naturalistes autour d’un projet commun (comme le recensement d’une ou plusieurs espèces), sont au cœur de « l’ornithologie citoyenne » telle que l’applique notre association depuis sa création. Ce numéro 56/1 d’Aves s’ouvre avec la synthèse attendue des résultats de l’une de ces grandes enquêtes, qui concernait l’évaluation des populations nicheuses du Milan royal et du Milan noir en Wallonie en 2015 et 2016. Il s’agissait d’un véritable challenge, étant donné l’importante surface à couvrir (pratiquement toute la Haute Belgique) et la difficulté à localiser les territoires de ces deux espèces. Nous avons pu compter sur plusieurs dizaines d’observateurs qui n’ont pas ménagé leurs efforts, complétés par un appui professionnel. L’enquête a aussi bénéficié de l’expertise de plusieurs ornithologues amateurs qui mènent des recherches détaillées sur la démographie du Milan royal dans l’importante zone noyau d’Ardenne orientale.

C’est aussi grâce à l’un de ces suivis de longue haleine, basé sur la collecte systématique de pelotes de réjection et de restes de proies autour des nids depuis près de 20 ans, et à une collaboration avec deux universités et divers experts, que le régime alimentaire du Milan royal a pu être analysé. C’est l’objet du deuxième article de ce numéro, grâce auquel vous pourrez mieux comprendre les tenants et aboutissants du lien fort entre le statut favorable du Milan royal et une certaine forme d’agriculture. En pleine crise existentielle, l’élevage bovin de dimension familiale a modelé depuis des décennies les paysages d’une grande partie de la Wallonie. La manière dont il va évoluer détermine le futur d’une partie de notre avifaune.

Ces deux articles démontrent l’importance de dépasser la simple description du statut des populations. Une meilleure compréhension de l’écologie des espèces est nécessaire pour pouvoir développer des politiques de conservation adéquates. Saviez-vous que le Milan royal est en fait la seule espèce d’oiseaux nicheurs pour laquelle la Belgique abrite plus de 1 % de la population mondiale ? Nous avons donc une responsabilité particulière dans la compréhension des facteurs qui définissent la bonne santé locale de leur population : c’est la raison pour laquelle nous faisons appel à votre générosité pour poursuivre nos analyses à partir des données détaillées récoltées sur des individus équipés de balises GPS (pour contribuer, cliquez ici).

Enfin, cette fois encore, nous avons la chance d’avoir reçu de nos collègues suisses une magnifique étude combinant baguage scientifique, bioacoustique et photographie nature, pour suivre la population de l’une de nos espèces les plus mystérieuses, la Bécasse des bois. Les photos de l’espèce publiées dans ce numéro, en plus d’être magnifiques, ont une valeur scientifique remarquable : ne les manquez pas.

Avec tout le comité de la revue, nous vous souhaitons une excellente lecture… et de belles observations sur le terrain cet été !

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