Découvertes

Dix radars météorologiques détectent la migration des oiseaux dans tout le Benelux, et vous pouvez regarder en temps réel !

Pluviers dorés à l’aube © Olivier Colinet

Pluviers dorés à l’aube © Olivier Colinet

La Force Aérienne Belge utilise, depuis de nombreuses années les données fournies par des radars équipés de programmes spécifiques destinés à détecter les oiseaux.  Ceci dans un but de sécurité aérienne afin d’éviter au maximum les collisions entre les oiseaux et les avions qui peuvent parfois être désastreuses.

Dès 2004, le radar militaire de Glons (surveillance de l’espace aérien) fut équipé du système ROBIN (Radar Observation Bird Intensity). 

À partir de 2006, l’ESA (European Space Agency) s’intéressant à cette technique fédéra divers intervenants et créa le FlySafe Project en collaboration avec les Forces aériennes belges, néerlandaises et allemandes, l’Université d’Amsterdam, la station ornithologique suisse de Sempach et divers instituts météorologiques.

Radar météorologique de Wideumont (IRM)

Radar météorologique de Wideumont (IRM)

Durant l’automne 2007 et le printemps 2008, des campagnes de comparaison et de calibration ont eu lieu aux Pays-Bas, en Belgique et en France afin de comparer les données récoltées par les radars de surveillance militaires, le radar mobile de la station de Sempach et les radars météos.  En Belgique, le bureau « Wildlife Hazard Management » de la Force Aérienne a ainsi organisé en septembre-octobre 2007, le déploiement du radar de Sempach sur l’aérodrome militaire de St Hubert pour comparer ses données et celles du radar militaire de Glons avec les détections réalisées par le radar météo de l’Institut Royal Météorologique (IRM) situé à Wideumont.  Les résultats de ces campagnes, passés par la moulinette des algorithmes, ont montré que les radars météo étaient à même de produire des détections plus précises des migrations que les outils précédents.

Depuis, le réseau de détection des oiseaux par les radars météos se développent en Europe et sert à présent de source principale à la Force Aérienne Belge dans le cadre de la réduction des collisions avec les avions durant leurs missions.

Une application web vient d’être mise en ligne par l’IRM et l’Institut de Recherche sur la Nature et les Forêts (INBO) du gouvernement flamand. Elle permet à chacun de visualiser la migration en temps réel dans tout le Bénélux.

Cet outil permet de visualiser l’importance de la migration de jour comme de nuit et à des altitudes assez élevées. Il ne permet pas d’identifier les espèces. C’est donc un bon complément aux observations de terrain depuis les postes fixes et aux enregistrements nocturnes.

Basé sur la détection de 10 radars dans le Bénélux, ce site web affiche deux graphes temporels montrant l’évolution du nombre d’oiseaux en passage. Le premier graphe montre soit le nombre d’oiseaux par km² soit le taux de migration (nombre d’oiseaux par heure survolant un transect de 1 km). Le deuxième graphe montre le nombre d’oiseaux par km³ étalé dans le temps et selon l’altitude.

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Il est en outre possible de choisir la date ou les trois jours que l’on veut afin de comparer les passages au cours d’une saison ou d’année en année.

On remarquera en analysant les graphes que le passage postnuptial de cette fin d’hiver a été particulièrement précoce et intense suite aux quelques journées chaudes et ensoleillées. Les grues cendrées passées en nombre chez nous n’étaient que la face visible de cette migration…

Vous trouverez plus d’informations à propos de ce projet dans le communiqué de presse de l’IRM.

Comment a-t-on suivi la première nidification wallonne d'un des oiseaux les plus discrets d'Europe ?

… c’est que que vous allez découvrir dans le dernier numéro de notre revue Aves, qui vient de paraître !

Nous publions des travaux originaux dans tous les domaines de l'ornithologie, spécialement dans le cadre géographique belge, en particulier de la Wallonie et de Bruxelles. La revue présente aussi des rubriques d'information, des échos de recherches et des recensions de livres. Les articles de plus de 50 ans de publication sont disponibles gratuitement sur le site Internet d’Aves, pôle ornithologique de Natagora.

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Au menu du numéro 57/3 (2020), avec en couverture cet oiseau si discret: la Marouette de Baillon !

> Un très chouette article richement documenté sur les premiers cas de nidification de la Marouette de Baillon en Wallonie. Un tout grand bravo aux découvreurs qui ont suivi, sans les déranger, les deux couples venus se reproduire aux marais d'Harchies. Comment distinguer les adultes grâce au plumage? A quoi ressemblent les différents cris de cette espèce mystérieuse? Quels outils mettre en place pour voir et entendre sans être vu? Tout y est détaillé.

> Le rapport annuel de la Commission d'Homologation (Belgian Rarity Birds Committee) présentant les oiseaux rares observés en Belgique en 2019. Celui-ci mentionne notamment l'observation de trois nouveaux taxons pour la faune belge: la Pie-grièche brune des Philippines, le Traquet de Seebohm et la Calliope sibérienne.

> Le traditionnel feed-back sur les recensements hivernaux des oiseaux d'eau en 2019-2020.

> Un point sur les épizooties à Bruxelles dans la rubrique du Carnet ornitho. Pour rappel, cette rubrique est ouverte à toutes vos observations insolites de comportements peu connus des ornithos.

Vous souhaitant une très belle lecture !

Pourquoi ne pas publier votre recherche en ornithologie dans la Revue Aves ? Consultez les instructions aux auteurs et contactez-nous.

Le nouvel atlas des oiseaux nicheurs du Nord et du Pas-de-Calais

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Paru fin 2019, ce nouvel atlas régional est remarquable et richement illustré par des photographes régionaux. Il s’intègre dans l’histoire déjà longue des grands travaux collectifs d’inventaire des avifaunes en France, comme ailleurs en Europe. Ceci grâce à plus d’un millier de collaborateurs et une organisation efficiente coordonnée par un groupe d’ornithologues expérimentés. Parmi eux, la personnalité et l’œuvre de feu José Godin, bien connu des observateurs hennuyers, méritent d’être saluées.

Le but fondamental de l’atlas était d’actualiser les connaissances une vingtaine d’années après le dernier atlas du Nord – Pas-de-Calais. A ce titre, rappelons que des atlas nationaux des oiseaux nicheurs ont été publiés en France en 1976, 1994 et 2015 (données de 1970-1975, 1985-1989 et 2009-2012). A répétition, ils ont été suivis par nombre de déclinaisons régionales, notamment dans le Nord - Pas-de-Calais. Ici, en 1976 sous l’impulsion de Lucien Kérautret, puis en 1996 par l’atlas régional coordonné par Jean-Charles Tombal (données de 1985-1995). Le présent ouvrage représente l’aboutissement de la troisième « vague » d’atlas (terrain 2009-2015). Dans l’intervalle, l’augmentation de la pression d’observation est spectaculaire, passant ainsi de 42 collaborateurs dans les années 1970 à 1.471 pour le présent atlas. En parallèle, l’évolution de la puissance des techniques de cartographie et d’évaluation des effectifs est considérable.

Dans l’ouvrage, des chapitres introductifs détaillés présentent le Groupe Ornithologique Nord et son action, un aperçu historique de l’ornithologie régionale, la biogéographie du Nord – Pas-de-Calais et la méthodologie mise en œuvre. Ce chapitre crucial analyse en profondeur les méthodes d’estimation des effectifs d’oiseaux nicheurs, les protocoles spécifiques et l’élaboration des cartes de probabilité de présences, comme fait en Wallonie. La démarche présidant à l’établissement de la liste rouge régionale est aussi précisée. Le soin du détail est poussé, par exemple avec une carte en double page des principaux sites mentionnés dans l’atlas ou encore un glossaire détaillé.

Le cœur de l’ouvrage est constitué par les monographies des 176 espèces d’oiseaux nicheurs « réguliers » … dont 42% sont considérées comme menacées. La plupart sont traitées de manière fort précise sur deux pages, certaines sur quatre pages : contexte général de la présence en Europe et en France, répartition des nicheurs durant les années d’inventaire de l’atlas, habitats, effectifs, évolution des populations et conservation ainsi que certains traits de vie des (particuliers aux) nicheurs régionaux (biologie de la reproduction, déplacements, fidélité aux sites ...). C’est une mine d’informations qui peut aussi permettre de relativiser par rapport aux effectifs wallons, comme des raretés partagées (à peine 12-17 cantons de Locustelle luscinioïde et 0-2 de Rousserolle turdoïde) ou des abondances bien supérieures aux nôtres (3.000 à 8.000 Phragmite des joncs) donnant un peu d’optimisme (5.000-10.000 cantons de Bruant proyer). Des extinctions sont hélas enregistrées dans un contexte de large recul en Europe occidentale, comme celles du Tarier des prés ou de la Pie-grièche grise. D’autres sont sur le fil, tels que la Bécassine des marais, le Courlis cendré, l’Alouette lulu ou encore le Traquet motteux.

Phragmite des joncs : plus de 2.000 couples assez largement répartis.

Phragmite des joncs : plus de 2.000 couples assez largement répartis.

A ces espèces, s’ajoute un petit cortège de 14 nicheurs occasionnels. Plusieurs sont en limite d’aire (Milan royal, Guifette moustac), invasives (Beccroisé des sapins, Tarin des aulnes), difficiles à déceler (marouettes) ou n’ont connu, comme en Belgique, qu’une expansion temporaire (Roselin cramoisi). Peu après la fin normale des inventaires, la reproduction réussie de l’Elanion dans l’Avesnois mérite mention car elle a constitué le cas le plus septentrional en France de ce rapace en expansion. Le caractère sauvage de certains oiseaux peut néanmoins poser question (Canard siffleur et pilet par exemple). En fin de traitement, quelques cantonnements occasionnels, onze nicheurs occasionnels disparus et six espèces introduites non naturalisées sont évoqués (parmi elles, la Bernache nonnette peine à s’installer).

Busard Saint-Martin (ca 30 couples) : les efforts de conservation en Wallonie permettent de prolonger le peuplement de l’aire occupée en Artois.

Busard Saint-Martin (ca 30 couples) : les efforts de conservation en Wallonie permettent de prolonger le peuplement de l’aire occupée en Artois.

Busard cendré (ca 20 couples)

Busard cendré (ca 20 couples)

Les oiseaux n’ayant pas un sens aigu des frontières politiques, on ne peut que chaudement conseiller la lecture de cet atlas. Elle permettra à tout un chacun de mieux comprendre les similitudes et différences de l’avifaune nicheuse de régions naturelles traversées par une frontière franco-belge longue de plus de 300 km en allant des plaines de la Lys et de l’Escaut aux collines des plateaux hennuyers, à l’Avesnois et à la Thiérache.


Référence :

Beaudouin C., Boutrouille C., Camberlein P., Godin J., Luczak C., Pischiutta R. & Sueur F., coordinateurs (2019) : Les oiseaux nicheurs du Nord et du Pas-de-Calais. Editions Biotope, Mèze, 488 pages.


Pour se procurer l’Atlas :